L’essentiel

  • Ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic a été reconnu coupable, mercredi 22 novembre, de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Condamné à perpétuité, il a décidé de faire appel.
  • Surnommé « le Boucher des Balkans », M. Mladic est accusé d’avoir été un des acteurs principaux des crimes perpétrés durant la guerre de Bosnie dans les années 1990, du siège de Sarajevo au massacre de Srebrenica, qui a fait plus de 100 000 morts.
  • Après le verdict, le président serbe Aleksandar Vucic a appelé, mercredi, ses compatriotes à « regarder vers l’avenir, à penser à la paix, à la stabilité dans la région ».

Mladic, un des architectes de l’épuration ethnique en Bosnie

Le nom de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie restera à jamais associé aux crimes perpétrés durant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995. Avec le président Slobodan Milosevic et l’idéologue des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, M. Mladic a tenté de chasser les musulmans et les Croates du territoire bosniaque.

C’est lui qui était à la tête des militaires qui se sont emparés de l’enclave musulmane de Srebrenica, en juillet 1995. Près de 8 000 hommes et adolescents sont tués par ses troupes dans les jours qui suivent, lors du pire massacre commis sur le continent européen depuis la seconde guerre mondiale. Leurs femmes et enfants sont déportés par autobus. Recherché à partir de 1995, il est arrêté en Serbie après seize ans de cavale en 2011.

La citation

« Les crimes commis se classent parmi les plus haineux connus du genre humain. »

Le juge du TPIY, à La Haye, Alphons Orie a justifié le verdict à l’encontre de M. Mladic considérant que les circonstances atténuantes évoquées par la défense, dont sa capacité mentale affaiblie, « avaient peu ou pas de poids » dans le jugement.

Créé en 1993 pour juger les personnes présumées responsables de crimes de guerre durant les conflits des Balkans, le TPIY a connu mercredi « une étape importante dans [son] histoire et pour la justice internationale », avant de fermer définitivement ses portes le 31 décembre, a déclaré le procureur Serge Brammertz.

L’image

A l’annonce du verdict, à Srebrenica, le 22 novembre. / Amel Emric / AP

Loin de La Haye, où se tenait le procès, à Srebrenica, des femmes s’étaient rassemblées pour suivre le verdict. Ces femmes qui attendaient la condamnation de Ratko Mladic à perpétuité ont suivi le procès en ponctuant d’insultes vengeresses les apparitions de l’accusé.

« Je rends grâce à Dieu, au nom de nos fils ! », lâche Nedziba Salhovic une de celles qui s’étaient réunies mercredi devant une des télévisions installées au mémorial de Potocari, ajoutant : « Mladic mourra à La Haye ! Je suis heureuse, heureuse de cette justice. » Mais la présidente de l’association des mères des enclaves de Srebrenica et de Zepa, Munira Subasic, s’est dite, pour sa part, « partiellement satisfaite » de ce verdict. Elle regrette que les juges n’aient pas retenu le crime de « génocide » contre M. Mladic « dans plusieurs villages ».