Le premier ministre libanais démissionaire, Saad Hariri, lors de son retour à Beyrouth, le 21 novembre. / MOHAMED AZAKIR / REUTERS

Trois semaines après l’annonce de sa démission surprise depuis l’Arabie saoudite, le premier ministre libanais Saad Hariri est rentré mardi 21 novembre à Beyrouth. Sitôt arrivé, tard le soir, à l’aéroport international, il est monté dans un convoi sans un mot pour la foule de journalistes qui l’attendaient.

M. Hariri avait quitté dans la journée la France pour se rendre au Caire puis à Chypre avant de revenir dans le pays du Cèdre. Avant qu’il atterrisse dans la capitale libanaise, des petits groupes de ses supporteurs sont descendus dans les rues en klaxonnant, en lançant des acclamations et en arborant des drapeaux aux couleurs de son mouvement.

Tensions avec l’Iran

Mercredi, il doit participer à la fête de l’Indépendance, alors que beaucoup doutaient de son retour après sa démission le 4 novembre dans des circonstances mystérieuses. Il doit notamment clarifier sa position sur cette dernière, intervenue dans un contexte de tensions entre l’Arabie saoudite, parrain du mouvement de M. Hariri, et l’Iran, soutien de son grand rival, le Hezbollah chiite.

Le fait qu’il ait annoncé sa démission depuis Riyad et qu’il soit resté dans le royaume wahhabite pendant deux semaines, avait soulevé de nombreuses questions. Lors de l’annonce de sa démission, M. Hariri avait accusé l’Iran et le Hezbollah de déstabiliser son pays, et craindre pour sa vie. Le président libanais Michel Aoun, allié du mouvement chiite, avait notamment accusé les Saoudiens de le retenir en « otage », ce que l’intéressé et Riyad avaient démenti.

Après un passage du chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian en Arabie saoudite la semaine dernière, M. Hariri s’était rendu à Paris samedi où il a rencontré le président français Emmanuel Macron.

« Beaucoup de sagesse »

La diplomatie saoudienne a récemment multiplié les attaques contre Téhéran. Le ministre des affaires étrangères saoudien Adel Al-Jubeir a affirmé que Riyad ne resterait pas « les bras croisés » face à la politique « agressive » de l’Iran, lors d’une réunion extraordinaire de la Ligue arabe, dimanche, au Caire.

Le Liban est sous le « contrôle total » du Hezbollah, a accusé de son côté le chef de la diplomatie de Bahreïn, pays allié de l’Arabie saoudite, lors de cette réunion. Le chef de la Ligue arabe, l’Egyptien Ahmed Aboul Gheit, en déplacement à Beyrouth, a appelé lundi à « préserver » le pays du Cèdre des conflits régionaux.

Dans son discours traditionnel la veille de la fête de l’Indépendance, le président Aoun a appelé les Libanais à « l’unité » et à s’éloigner de la dissension. Celle-ci « provoquerait une destruction totale qui n’épargnerait personne », a-t-il prévenu.

Il s’est également adressé à la Ligue arabe, qui accusé le Hezbollah « de financer et d’entraîner des groupes terroristes » dans des pays de la région. « Traiter avec le Liban nécessite beaucoup de sagesse, sinon cela le pousserait vers l’embrasement », a fait valoir M. Aoun. De nombreux pays s’étaient inquiétés des retombées du bras de fer Riyad-Téhéran sur Beyrouth. Le Liban étant un pays aux équilibres fragiles et habitué aux crises politiques.