Weinstein 2, la revanche des Amazones. C’est le titre qui pourrait être donné au scénario de l’éventuelle reprise de The Weinstein Company (TWC). Deux groupes de femmes d’affaires aimeraient bien racheter ce studio, menacé d’être emporté dans la tourmente de l’affaire Harvey Weinstein.

Selon l’Agence France-Presse, la société de production audiovisuelle Killer Content (qui termine le film Colette de Wash Westmoreland avec Keira Knightley) associée à la documentariste Abigail Disney et à la Fondation des femmes de New York s’apprêterait à faire une offre, dont le montant n’a pas été communiqué, sur une partie des actifs du studio – certains films et des programmes de télévision.

Réalisatrice et productrice renommée, Abigail Disney est une militante engagée contre la paix dans le monde et pour l’amélioration du rôle des femmes dans la sphère publique. Les associées veulent reverser une partie des bénéfices à des organisations d’aides aux victimes d’agressions sexuelles. A lui seul, le producteur Harvey Weinstein fait l’objet, depuis les premières révélations le concernant, début octobre, de plus de cent accusations de harcèlement, agressions sexuelles ou viols, sur quatre décennies.

« Il est impératif qu’un conseil d’administration conduit par des femmes prenne le contrôle de la société », juge Maria Contreras-Sweet, qui cornaque l’une des offres

Une seconde offre de reprise, estimée à 275 millions de dollars (232 millions d’euros), est cornaquée par Maria Contreras-Sweet, l’ex-directrice de l’agence fédérale de PME sous la présidence de Barack Obama. Dans une lettre au conseil d’administration de TWC, publiée dans le magazine en ligne Deadline, elle affirme avoir assemblé « un groupe hors pair de partenaires financiers et conseillers ». Sans en dire davantage. A ses yeux, « il est impératif qu’un conseil d’administration conduit par des femmes prenne le contrôle de la société ».

Une rupture complète avec le passé

Mme Contreras-Sweet propose une reprise de l’essentiel du passif, la création d’un fonds pour faire face aux multiples poursuites qui visent l’entreprise et un « processus de médiation avec les victimes » mené par la flamboyante avocate Gloria Allred, qui en défend déjà plusieurs.

Portée aux nues pendant des années pour avoir soutenu vaillamment le cinéma américain indépendant, la Weinstein Company a vu sa valeur s’effondrer. D’où ces marques d’intérêt qui constitueraient une rupture complète avec le passé. Début novembre, le fonds d’investissement Colony Capital, qui avait promis de l’argent frais au studio, s’est rétracté, de peur d’abîmer sa propre image.

Malgré le licenciement express d’Harvey Weinstein, le 8 octobre, son entreprise semble désormais pestiférée. Bon nombre de projets, tant en production qu’en distribution, sont à l’arrêt. Le nom même de Weinstein est devenu importable. La filiale américaine d’Hachette Livre, Hachette Book Group, a déjà mis fin à l’activité de Weinstein Books, pour ne publier son catalogue et ses futures parutions que sous la marque Hachette Books. Le studio pourrait à son tour changer de nom. Pour faire oublier son histoire.