Le porte-parole de la Marine argentine, Enrique Balbi, a tenu une conférence de presse mercredi 22 novembre à Buenos Aires. / VICTOR CARREIRA / AFP

La piste de l’explosion est toujours taboue. Le porte-parole de la Marine argentine a annoncé mercredi 22 novembre qu’un bruit anormal a été enregistré voici une semaine, trois heures après la dernière communication du sous-marin argentin San Juan, à proximité de sa dernière position connue.

« Nous avons été informés d’un indice officiel, du mercredi 15 novembre à 11 heures [locales, 15 heures à Paris] dans la zone d’opération du sous-marin : une anomalie hydro-acoustique. C’est un bruit qu’il faut analyser », a déclaré lors d’un point presse le capitaine Enrique Balbi sur ce drame qui touche 44 marins et leurs familles, désormais suivi heure par heure par les médias argentins. Il a précisé que le « bruit » a été enregistré à 400 km des côtes de Patagonie, à 60 km au nord de la dernière position communiquée par le sous-marin, qui avait mis le cap sur la base navale de Mar del Plata, port d’attache du sous-marin.

La Marine argentine avait « sollicité aux Etats-Unis et à différentes agences des relevés acoustiques » correspondant au mercredi 15 novembre, date du dernier échange avec le submersible, vers 7 h 30 locales (11 h 30 à Paris). Elle les a reçus ce mercredi. « Cela a dû être un bruit très fort (…) Il peut s’agir d’une explosion », a confié à l’AFP un ancien commandant de sous-marin, qui souhaite rester anonyme. Interrogé sur cette éventualité, le porte-parole de la marine a répondu que le bruit était en cours d’analyse.

Trois navires se dirigeaient vers la position indiquée pour tenter de localiser le sous-marin et devaient arriver sur zone mercredi en fin de soirée, vers 23 heures locales (jeudi 3 heures).

Les 44 marins « dans une phase critique » pour l’oxygène

Selon la Marine argentine, le sous-marin avait signalé une avarie avant sa dernière communication, mais pas jugée suffisamment grave pour déclencher une procédure d’urgence. Le commandant du sous-marin avait annoncé lors de son dernier message qu’il maintenait le cap vers Mar del Plata. « Nous sommes préoccupés, comme les familles », a ajouté le capitaine Balbi.

Dans une insoutenable attente, au milieu des prières, des étreintes et des dessins d’enfants accrochés au grillage, les proches étaient rassemblés dans la base navale de Mar del Plata, à 400 km au sud de Buenos Aires. « J’ai confiance, ils vont revenir », voulait croire mercredi Fernanda Valacco, la femme d’un des membres de l’équipage.

S’ils sont encore en vie, les 44 marins pourraient manquer d’oxygène, les réserves étant en théorie épuisées en sept jours. « Nous sommes au septième jour, dans une phase critique pour l’oxygène, si nous sommes dans un scénario d’immersion », a déclaré mercredi matin Enrique Balbi.

En revanche, s’il peut remonter à la surface pour renouveler l’air dans le bâtiment, l’autonomie du San Juan peut atteindre plusieurs semaines. Il se peut également qu’il soit à la surface et que les mauvaises conditions climatiques aient jusqu’ici empêché sa localisation.

4 000 personnes participent aux recherches

Les recherches s’intensifient chaque jour. Plus de 4 000 personnes de huit pays participent aux opérations. La zone de recherches, initialement de 300 km de diamètre, a été quadrillée à 100 % puis étendue à une zone de 1 000 km de long du nord au sud et 500 km d’est en ouest, presque la superficie de la France. Quatorze navires et dix avions sont mobilisés pour les recherches, auxquelles participent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Brésil, le Chili et l’Uruguay.

Le pire accident de sous-marin survenu dans le monde ces 30 dernières années avait eu lieu le 12 août 2000, quand le sous-marin russe Koursk avait sombré en mer de Barents, causant la mort des 118 membres d’équipage.