Corinne Diacre lors de France-Chili le 15 septembre 2017 à Caen. / CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Comme chez les hommes, ce match est à la fois une affiche et un test : dix jours après le match nul à Cologne (2-2) des footballeurs français face à leurs homologues allemands, les Bleues affrontent les Allemandes, dix fois championnes d’Europe et championnes olympiques en titre, vendredi (18 h 00) à Bielefeld (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).

Pour la nouvelle sélectionneuse, Corinne Diacre, en poste depuis le 30 août dernier, le défi sera de prolonger sa série victorieuse avec un cinquième succès de rang. À deux ans de la Coupe du monde, qui aura lieu en France du 7 juin au 7 juillet 2019, elle explique le processus de reconstruction des Bleues.

Ce match face à l’Allemagne est-il le premier véritable test pour votre équipe ?

Tous les matchs sont importants. N’oubliez pas que l’on joue la Suède trois jours plus tard (lundi 27 novembre à Bordeaux). Et puis, l’Allemagne a des résultats moins probants que par le passé (quart de finaliste à l’Euro 2017). C’est une équipe en reconstruction.

En tant que pays hôte du prochain Mondial, vous allez avoir presque deux ans de matchs amicaux. Comment maintenir les joueuses sous pression ?

La pression, les joueuses l’ont en permanence. À chaque match international, même s’il n’y a pas l’enjeu de la qualification, déjà acquise, elles auront leur carte personnelle à jouer, leur place à gagner. J’ai renouvelé pas mal de joueuses. J’ai souhaité encore en voir de nouvelles sur ce rassemblement.

L’une de vos premières décisions a suscité quelques remous à Lyon. Vous avez décidé de changer de capitaine en choisissant Amandine Henry plutôt que Wendie Renard. Pourquoi ?

Choisir, c’est renoncer. J’ai fait le choix de nommer Amandine Henry capitaine, car j’estime que sa personnalité correspond à cette responsabilité. La capitaine doit avoir à la fois la légitimité du terrain et le relationnel en dehors avec tout le monde.

Il y a moins de Lyonnaises et de Parisiennes [5 joueuses de l’OL et 5 du PSG dans la dernière liste] dans vos sélections que par le passé. Est-ce un choix ?

Il y en a moins parce qu’il y a tout simplement beaucoup d’étrangères dans ces deux équipes. C’est mieux si les internationales jouent régulièrement dans leur club, mais j’aurais du mal à faire une équipe si je ne dois faire jouer que celles qui sont titulaires. Je donne mon point de vue en tant que sélectionneuse, je n’ai pas d’avis à donner sur la politique des clubs.

Même si vous avez été adjointe de Bruno Bini de 2007 à 2013, vous découvrez le poste de sélectionneuse après avoir entraîné en Division 1 féminine (Soyaux) et en Ligue 2 chez les hommes (Clermont). Comment se passent vos débuts ?

Entraîneur et sélectionneur sont deux métiers différents. La difficulté a été de passer d’un emploi du temps plus prenant au quotidien à quelque chose de plus souple et condensé. Cela fait trois mois que je prends mes marques, nous avons déjà eu deux stages et quatre matchs. Nous les avons gagnés avec treize buts marqués et un seul encaissé. Nous avons d’abord retrouvé une assise défensive. Bien jouer c’est important, mais ne pas prendre de but, aussi.

Vous allez avoir l’opportunité de disputer une Coupe du monde à domicile. Comment l’appréhendez-vous ?

Il faut se servir de la pression pour se transcender. Sinon, on n’arrive à rien. Si j’avais peur de jouer une Coupe du monde en France, autant rester chez moi. Aujourd’hui, les Bleues n’ont jamais rien gagné. C’est une tâche assez difficile, car on part de zéro.

Quel est l’objectif ?

L’objectif est bien entendu de gagner la Coupe du monde ou au minimum d’aller en finale. Que voulez-vous d’autre ? Je n’ai pas été embauchée pour être quart de finaliste ou demi-finaliste.

Il ne manque finalement plus qu’un titre à l’équipe de France féminine…

Nous bénéficions désormais d’une visibilité médiatique par rapport au passé. Cela va encore s’améliorer. Il est vrai qu’il manque encore des résultats, un premier titre. Mais il ne faut pas oublier que dans d’autres disciplines des équipes de France féminines ont gagné et on n’en parle pas forcément plus. Je pense au handball ou au basket.

Quels que soient les résultats, le sport féminin restera toujours en retrait du sport masculin. Cela ne doit pas nous empêcher de gagner, pour que l’on parle quand même plus de nous.