Comment cette mutation peut-elle contribuer à une ville plus durable et adaptée aux besoins de ses habitants ? Quels aménagements faut-il prévoir ? Comment garantir la confiance et la sécurité des utilisateurs ? Quels risques sont-ils prêts à accepter ?Un prototype de la voiture autonome testée par Google en Californie. / Tony Avelar / AP

C’est l’un des enjeux majeurs de la révolution urbaine en cours. Individuels ou collectifs, sur la route, le rail ou l’eau, les véhicules sans chauffeur vont transformer la ville de demain. Comment cette mutation peut-elle contribuer à une ville plus durable et adaptée aux besoins de ses habitants ? Quels aménagements faut-il prévoir ? Comment garantir la confiance et la sécurité des utilisateurs ? Quels risques sont-ils prêts à accepter ?

Quatre collectivités, Rennes Métropole, Toulouse Métropole, la communauté d’agglomérations Sophia Antipolis et la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise ont choisi d’associer leurs habitants à un débat public, piloté par l’agence Missions publiques, spécialisée dans les démarches participatives. Elle a notamment animé une consultation réunissant 10 000 citoyens dans 76 pays lors de la COP21.

Les volontaires peuvent s’inscrire en ligne jusqu’au 20 décembre puis recevront des informations sur le sujet, élaborées par un comité scientifique. Le 27 janvier, 500 personnes environ participeront dans les quatre territoires à des débats en petits groupes pour tester les scénarios possibles.

Des entreprises participent au projet, dont l’assureur Allianz, l’avionneur Airbus, le groupe de BTP Vinci, ainsi que Keolis, filiale de la SNCF, mais aucun constructeur automobile ne s’est associé à la réflexion, ce qui risque de limiter sensiblement son impact.

Gouvernance des données

L’initiative fait écho au vaste chantier des Assises nationales de la mobilité, ouvert depuis le 20 septembre par le gouvernement, et qui prévoit aussi une consultation en ligne des citoyens. Orchestrée sur l’ensemble du territoire, cette réflexion nationale vise à définir les priorités pour les cinq à dix prochaines années, dans un contexte de disette budgétaire, afin de préparer la future loi d’orientation attendue au début de 2018.

Plus circonscrite, la consultation sur le véhicule autonome témoigne de la volonté des villes de s’inscrire dans une dynamique qui leur est propre. Une récente étude a montré que les Français rejettent la ville connectée. Accepteront-ils d’être guidés dans leurs déplacements par des capteurs et des algorithmes ? La généralisation des véhicules connectés pose aussi la question de la gouvernance des données.

A la métropole de Rennes, l’objectif est d’associer un public le plus varié possible à cette réflexion afin que « la mobilité autonome soit partagée par tous, assure Claire Gaucher, chef de projet. On a vu avec la révolution numérique que les moins connectés d’hier sont les moins connectés d’aujourd’hui. Nous voulons que la mobilité autonome ne soit pas réservée à ceux qui sont déjà les plus mobiles aujourd’hui. »

L’agglomération Sophia-Antipolis prévoit également de cibler « les missions locales et les publics scolaires, futurs usagers de ces véhicules, explique Sylvie Ponthus, responsable mobilité de l’agglomération. On ne vise pas les passionnés qu’on connaît par cœur, mais les usagers de la ville au quotidien. »

Un avis sera rendu à la suite de ce débat, qui se prolongera par une consultation en ligne, puis par une nouvelle journée de réflexion à l’échelle européenne.