Le 24 novembre 2017, place de la République à Paris. / ALAIN JOCARD / AFP

Le moment se veut solennel. Emmanuel Macron lancera officiellement la grande cause nationale consacrée à l’égalité entre les femmes et les hommes par un discours prononcé à l’Elysée, samedi 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Le premier ministre, Edouard Philippe, ainsi que Nicole Belloubet (justice), Agnès Buzyn (santé et solidarités), Muriel Pénicaud (travail), Jean-Michel Blanquer (éducation), et la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, seront présents.

Environ 200 personnes, responsables institutionnels ou associatifs, ont été invitées à assister à l’événement, au cours duquel des « grands témoins » s’exprimeront, notamment le médecin urgentiste et écrivain Patrick Pelloux, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, ou la comédienne Florence Foresti.

Un projet de loi au premier semestre

Ce premier discours sera consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes, premier volet de la grande cause nationale. « Le président a pleinement conscience de l’importance du sujet », fait savoir l’Elysée, en réponse à certaines associations féministes qui reprochent à Emmanuel Macron son absence d’expression sur la question depuis l’éclatement de l’affaire Weinstein et la libération de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles.

Le chef de l’Etat devrait rappeler qu’un projet de loi de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, porté par Nicole Belloubet et Marlène Schiappa, est prévu au premier semestre 2018.

Celui-ci devrait notamment sanctionner le harcèlement de rue, allonger les délais de prescription pour les victimes mineures de violences sexuelles, qui pourraient passer de vingt à trente ans, et instaurer un seuil au-dessous duquel un mineur ne peut être considéré comme ayant consenti à un acte sexuel avec un majeur.

Faciliter le parcours des victimes

Plusieurs mesures consacrées à l’accompagnement des victimes de violences devraient être également annoncées. Celles-ci devraient à l’avenir pouvoir effectuer des signalements en ligne et discuter en direct avec des policiers ou des gendarmes pour savoir quelles démarches effectuer.

Toujours afin de faciliter le parcours des victimes, le recueil des preuves d’agression sera possible dans les unités médico-judiciaires (unités de médecine légale d’urgence qui délivrent des certificats de coups et blessures et d’agressions sexuelles) sans avoir déposé plainte préalablement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Autre innovation prévue : les arrêts à la demande dans les bus en soirée, afin que les femmes ou les personnes s’estimant vulnérables soient déposées plus près de chez elles.

Opérations de sensibilisation des parents

Un autre volet de cette première phase de la grande cause nationale entend s’attaquer aux causes des violences sexuelles. « Il s’agit d’un combat culturel », affirme l’Elysée.

Une campagne de communication sera lancée. L’éducation nationale sera mobilisée, en particulier pour lutter contre le cyberharcèlement et l’accès à la pornographie chez les adolescents.

Des opérations de sensibilisation seront menées sur ces thèmes à destination des parents de collégiens, ce qui est nouveau, ce type de mesure étant habituellement tourné vers les élèves. Les enseignants et les autres personnels présents dans l’établissement devraient également être formés sur ces sujets.

Les associations réclament des moyens supplémentaires

La question du budget alloué à ces actions est centrale. L’Elysée rappelle que le (petit) budget alloué au secrétariat d’Etat de Marlène Schiappa, soit 30 millions d’euros prévus pour 2018, est sanctuarisé sur la durée du quinquennat, et évoque une augmentation de 13 % des moyens alloués aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes, sans préciser la liste de celles concernées ni comment cette augmentation serait financée.

Le budget consacré au niveau interministériel à la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes s’élève à 420 millions d’euros chaque année, rappelle L’Elysée. Il concerne toutes les actions relatives à l’égalité (dont l’égalité professionnelle).

Le dernier plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes, lancé en 2016, avait été doté de 125 millions d’euros. Les associations demandent davantage. « Nous devons prendre exemple sur l’Espagne, qui a voté en juillet un plan de 1 milliard sur cinq ans », affirme la militante Caroline De Haas, dont la pétition en faveur d’un plan d’urgence a recueilli 129 000 signatures.