Emmerson Mnangagwa, sera investi lors d’une la cérémonie qui se veut grandiose, dans le plus grand stade de la capitale, Harare, le National Sports Stadium, d’une capacité de 60 000 places | Ben Curtis / AP

Après 37 ans de régime autoritaire, le Zimbabwe met, vendredi 24 novembre, un point final au règne de Robert Mugabe. Arrivé au pouvoir après un coup de force de l’armée, son successeur, Emmerson Mnangagwa, sera investi lors d’une cérémonie qui se veut grandiose, dans le plus grand stade de la capitale, Harare, le National Sports Stadium, d’une capacité de 60 000 places.

Le parti au pouvoir, la Zanu-PF, a convoqué à partir de 8 h 30 (7 h 30 à Paris) les « Zimbabwéens de tous bords » :

« Venez et soyez les témoins de l’Histoire en marche, nos premiers pas dans une nouvelle ère et un pays meilleur conduit par notre camarade adoré ED Mnangagwa. »

Doute sur la participation de Robert Mugabe

Les médias d’Etat laissent planer le doute sur la participation de Robert Mugabe – qui n’a pas été vu publiquement depuis dimanche – à la cérémonie. Selon le journal gouvernemental The Herald, Mnangagwa et Mugabe ont convenu que le président déchu n’assisterait pas à la cérémonie d’investiture de son successeur. Emmerson Mnangagwa aurait assuré à Robert Mugabe que ce dernier ainsi que sa famille seront en sécurité dans le pays.

En 1980, c’est un autre stade de la capitale qui avait accueilli la cérémonie d’indépendance du Zimbabwe, en présence bien sûr de Robert Mugabe, mais aussi du chanteur Bob Marley, du Prince Charles et d’une dizaine de chefs d’Etat.

Faste moindre que pour l’indépendance

Cette fois, aucun membre de la famille royale n’a prévu le déplacement. L’ancienne puissance coloniale sera représentée par son secrétaire d’Etat chargé du développement, Rory Stewart.

Même le président sud-africain, Jacob Zuma, a décliné l’invitation du pays voisin, au motif qu’il reçoit au même moment son homologue angolais Joao Lourenco. A la place, il a dépêché son ministre des communications.

Dans son premier discours depuis le début de la crise, Emmerson Mnangagwa a promis de s’atteler rapidement à la tâche. « Nous voulons relancer notre économie, nous voulons des emplois », a-t-il lancé devant ses partisans, sans détailler son programme.

Son profil tempère toutefois les enthousiasmes. Emmerson Mnangagwa, 75 ans, un fidèle parmi les fidèles du régime, a longtemps exécuté sans sourciller la politique répressive de l’ancien président.

L’opposition absente de la cérémonie

Soucieux de rassurer, celui que les Zimbabwéens surnomment « le crocodile » a pour l’instant montré un visage souriant, promettant d’être le « serviteur du peuple ». Jeudi soir, il a « imploré les Zimbabwéens de rester patients et de se garder de toute vengeance ». La veille, il avait appelé « tous les Zimbabwéens patriotes à se réunir, à travailler ensemble ».

Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai n’a pas été convié à la cérémonie. Le chef de l’opposition a affiché sa préférence pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale jusqu’aux élections prévues en 2018, mais a assuré qu’aucune discussion n’était engagée.