Usine Teva à Jérusalem, le 8 février . / RONEN ZVULUN / REUTERS

Après avoir déjà annoncé la fermeture ou la cession de quinze usines, le laboratoire pharmaceutique israélien Teva va licencier des milliers de salariés a indiqué, jeudi 23 novembre, un quotidien israélien d’informations économiques. Retour sur la dégringolade de la star des médicaments génériques.

  • Des restructurations en cascade

Selon le quotidien économique Calcalist du jeudi 23 novembre, le numéro un mondial des génériques Teva s’apprête à licencier 25 % de ses 6 860 salariés en Israël ainsi que plus de 10 % de ses 10 000 employés aux Etats-Unis. Des suppressions de postes seraient également prévues en Europe, où le laboratoire pharmaceutique emploie plus de 24 000 personnes. Les lettres de licenciement partiront dans les prochaines semaines, selon le journal. Le responsable de la recherche et développement de Teva, Michael Hayden, ferait partie des personnes remerciées.

En août, le groupe avait annoncé la fermeture ou la cession de six usines cette année et neuf en 2018, et la réduction d’ici la fin 2017 d’environ 7 000 postes. Les analystes avaient cependant estimé que ces mesures de restructuration seraient insuffisantes pour compenser les pressions de la concurrence dans le domaine des médicaments génériques.

  • La dégringolade en Bourse

Au début du mois de novembre le groupe avait affolé les investisseurs en révisant à la baisse ses prévisions de vente pour 2017. Teva table désormais sur un chiffre d’affaires compris entre 22,2 et 22,3 milliards de dollars (environ 18,7 et 18,8 milliards d’euros). Son titre avait alors dévissé de près de 20 % à la Bourse de New York. La capitalisation boursière du groupe a été divisée par quatre en deux ans, passant de 56 à 13 milliards de dollars. Il a ainsi perdu en août sa place de première entreprise israélienne.

Les investisseurs ont toutefois semblé bien accueillir l’arrivée à la tête de Teva d’un nouveau PDG, après sept mois de tergiversations pour remplacer son prédécesseur, Erez Vigodman, qui avait démissionné par surprise en février. Le Danois Kare Schultz a pris ses fonctions en septembre.

  • Une stratégie désastreuse

La direction explique ses contre-performances par « le lancement plus rapide que prévu (…) d’un concurrent générique du Copaxone », un traitement contre la sclérose en plaques qui représente 20 % de ses ventes. Et par « l’érosion persistante des prix et des volumes sur le marché américain des génériques ». Mais le groupe subit les conséquences d’une stratégie désastreuse. Il a acheté pour 40 milliards de dollars Actavis (la branche génériques de l’américain Allergan), dans un contexte de pression sur les prix aux Etats-Unis. En revanche, il n’a pris aucune mesure pour acquérir de nouvelles molécules et réduire sa dépendance au Copaxone.

  • Des ennuis judiciaires aux Etats-Unis

En décembre 2016, une plainte a été déposée devant un tribunal du Connecticut contre les laboratoires, Teva et Mylan, pour entente sur le prix de leurs médicaments. Depuis, quarante-cinq Etats américains ont porté plainte contre une vingtaine de laboratoires pharmaceutiques. « Ces fabricants de génériques se sont entendus pour réduire la concurrence et augmenter les prix, dénonçait ainsi en octobre le procureur général de l’Etat du Michigan, Bill Schuette. Il apparaît que leur collusion pour augmenter les coûts au-dessus des prix du marché a bien eu lieu et ceci n’aide pas ceux qui souffrent de maladies soudaines ou d’infections. » Le département américain de la justice mène en parallèle sa propre enquête sur le secteur des génériques.

Les autorités américaines ont par ailleurs infligé à Teva en décembre 2016 une amende de plus de 500 millions de dollars pour des faits de corruption en Russie, Ukraine et au Mexique. Le groupe a indiqué début février faire l’objet d’une enquête de la police israélienne pour les mêmes faits.