Manifestation à Gaza le 2 novembre, à l’occasion du centième anniversaire de la déclaration Balfour considérée comme l’une des étapes de la création d’Israël. / MOHAMMED ABED / AFP

Plus la réconciliation intrapalestinienne avance, et moins elle progresse. Tel est le paradoxe après le nouveau cycle de négociations qui s’est tenu au Caire les 21 et 22 novembre. L’Egypte avait réuni 13 factions pour déterminer l’agenda politique commun, à quelques jours de la date butoir du 1er décembre. C’est alors que l’Autorité palestinienne est censée reprendre pleinement le contrôle de la bande de Gaza, qui se trouve depuis dix ans sous le joug du Hamas. Mais malgré la volonté de toutes les parties de ne pas faire dérailler la réconciliation, qui représente une aspiration majeure de la population, aucune feuille de route ne semble émerger.

Ces négociations étaient le premier grand rendez-vous depuis la signature de l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, le 12 octobre, au Caire. Pour l’heure, sa seule traduction concrète a été la remise des points de passage vers l’Egypte et Israël aux fonctionnaires de l’Autorité palestinienne. Un comité technique est aussi censé se consacrer à la réforme des administrations publiques, en particulier de leurs effectifs. Ses conclusions ne sont pas attendues avant février. Mais cette réunion du Caire devait servir à donner un souffle politique au processus de transition, en illustrant la détermination des factions palestiniennes. Or le médiateur égyptien se heurte, semble-t-il, à l’intransigeance de l’Autorité palestinienne.

« Résultats ternes »

Mahmoud Abbas ne consent aucun geste de bonne volonté. Il ne lève pas les mesures punitives décidées depuis mars contre la bande de Gaza, en particulier la diminution drastique des paiements de facture d’électricité, livrée par Israël. Au cours des dernières semaines, l’Autorité palestinienne a durci ses exigences, sans pour autant les préciser. Elle réclame un contrôle effectif sur la bande de Gaza, y compris dans le domaine sécuritaire, refusant de discuter de toute autre étape future en attendant. A Ramallah, on répète à satiété une formule : « One government, one law, one gun. » Un seul gouvernement, une loi pour tous et un monopole des armes. Mais ni le Hamas ni le Jihad islamique ne veulent parler aujourd’hui d’un désarmement de leur branche militaire.

Dans une vidéo, Salah Bardawil, membre du bureau politique du Hamas et de sa délégation au Caire, a été l’un des rares à s’exprimer sur les négociations, parlant de « résultats ternes » et d’un « déni » des accords déjà conclus. Il a même prétendu que le chef des services de sécurité palestiniens, Majed Faraj, véritable bras droit de M. Abbas, avait confié aux factions que l’administration Trump faisait pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle n’avance pas vers la réconciliation. Une délégation de l’appareil sécuritaire égyptien doit se rendre à Gaza pour y surveiller la transition jusqu’au 1er décembre.

Une seule annonce a été faite au Caire. Les factions soutiennent l’hypothèse d’élections générales d’ici un an. Le Hamas et le Fatah ont déjà appelé de leurs vœux ces scrutins présidentiel et législatif dans le passé, s’accusant mutuellement de l’inertie. La Commission électorale centrale à Ramallah s’est dite prête. Mais le problème n’est pas administratif. Mahmoud Abbas est préoccupé par le renforcement de son pouvoir solitaire, tandis que le Hamas pense à l’après-Abbas, et à son retour dans le jeu politique palestinien.