• Philippe Leroux
    Ailes

    Els Janssens-Vanmunster (mezzo-soprano), Amit Dolberg (piano) Meitar Ensemble, Pierre-André Valade (direction)

Deux disques publiés par le même label en moins d’un an ! C’est rare pour un compositeur d’aujourd’hui, mais Philippe Leroux (58 ans) n’est pas n’importe qui. Aussi éclairant que le CD paru en janvier, De la percussion, le programme interprété par le Meitar Ensemble donne une bonne idée de ce que constitue l’expérience Leroux pour l’auditeur. Passée l’interrogation technique des premières minutes (« Comment c’est fait ? ») vient l’évidence expressive d’un parcours idéal (« C’est fait pour moi ! »). Certaines pièces sont d’un abord abstrait (le superbe Postlude à l’épais, développé entre étirement du geste et extension du matériau), d’autres ouvertement poétiques (Ailes, transcendance d’une réflexion sur la mort). Toutes s’imposent sur une scène qui est celle de l’oreille. Enfin, le souriant Continuo(ns) – un classique du compositeur – montre à quel point Philippe Leroux est parvenu à se renouveler depuis vingt-cinq ans. Pierre Gervasoni

1 CD Soupir Editions/Socadisc.

  • Aretha Franklin
    A Brand New Me (with the Royal Philharmonic Orchestra)

Pochette de l’album « A Brand New Me (with The Royal Philharmonic Orchestra) », d’Aretha Franklin. / RHINO-ATLANTIC/WARNER MUSIC

Après Elvis Presley et avant Roy Orbison, c’est à Aretha Franklin de voir certaines de ses interprétations les plus connues mises en arrangements symphoniques. Et le résultat a plutôt bonne allure. Il est vrai – cela aide – que le répertoire est tiré du meilleur de la carrière de la chanteuse, celle des années passées chez Atlantic Records, de 1967 à la fin de la décennie 1970. Think, I Say a Little Prayer, Angel, People Get Ready, Son of a Preacher Man, Respect… Les vents et cordes du Royal Philharmonic Orchestra, dirigé par Steve Sidwell et Robin Smith, sont globalement là pour donner de l’ampleur aux arrangements originaux des petites ou moyennes formations. Idem pour les chœurs menés par Patti Austin. Le tout évite l’aspect crème chantilly, dégage suffisamment de swing pour que la voix d’Aretha Franklin, celle des enregistrements originaux, ne semble pas posée artificiellement. Sylvain Siclier

1 CD Rhino-Atlantic/Warner Music.

  • Flox
    Taste of Grey

Pochette de l’album « Taste Of Grey », de Flox. / UNDERDOG RECORDS/LA BALEINE/BELIEVE

Surprenante trajectoire que celle de ce musicien anglo-français, né (en 1970) à Londres et vivant à Paris. Sorti diplômé de l’Ecole Estienne (prestigieuse école d’arts appliqués), il a fait de l’habillage sonore pour des marques, participé à la création d’une société de production de sons pour la pub et les documentaires, s’est investi dans une batucada, a monté un studio pour produire de jeunes artistes (Meylo, Mawyd, Païaka, Vanupié), est passé par le hardcore, s’est rapproché du trip-hop… Avant de se révéler dans l’électro-reggae. C’est ce registre qui domine dans la matière sonore sculptée par Flox dans son nouvel album, crépitant d’idées, de scansion hip-hop assouplie de swing et d’effets dub. Les textes révèlent, par ailleurs, une certaine dose d’humour chez ce gaillard inspiré. Voir cet avertissement donné dans le titre final (In my Head) : « Announcement : the ministry of hope will soon open theirs doors. Have hope » – « Annonce : le ministère de l’espoir va bientôt ouvrir ses portes. Espérons ». Patrick Labesse

1 CD Underdog Records/La Baleine/Believe.