Le leader du parti d’opposition le Fianna Fail, Micheal Martin, vendredi 24 novembre. | CLODAGH KILCOYNE / REUTERS

C’est un acte qui pourrait aboutir à la chute du gouvernement irlandais. Le principal parti d’opposition, le Fianna Fail, a déposé une motion de défiance contre la vice-première ministre, vendredi 24 novembre, à trois semaines d’un sommet sur le Brexit au cours duquel sera notamment évoquée la question de la frontière avec l’Irlande du Nord.

Si cette motion de défiance était votée au Parlement mardi, elle pourrait aboutir à l’organisation de nouvelles élections pour remplacer l’actuel gouvernement, moins de deux ans après celles de 2016.

Micheál Martin, le chef du Fianna Fail, exige la démission de Frances Fitzgerald, accusée d’avoir menti sur ce qu’elle savait au sujet d’une campagne de dénigrement supposée menée par la direction de la police contre un de ses officiers, Maurice McCabe. Et promet de retirer sa motion si elle quitte son poste. Or, Leo Varadkar, le premier ministre et chef du parti Fine Gael, a exclu cette démission.

En outre, le vote de cette motion contreviendrait à l’accord qui lie le Fianna Fail à son rival historique, arrivé en tête des dernières élections de 2016 mais sans une majorité suffisante pour gouverner. Selon cet accord, le Fianna Fail vote le budget et s’abstient pendant les votes de confiance.

Pour que l’accord soit valide, le Fianna Fail « doit avoir confiance en ce que le gouvernement lui dit », a déclaré vendredi Michéal Martin. Ce qui n’est pas le cas, selon lui.

Colère des ministres

Mais malgré une volonté affichée par les deux partis de maintenir le dialogue et d’éviter des élections, les deux formations campent sur leur position respective alors que les négociations du Brexit seront au cœur du sommet européen des 14 et 15 décembre.

La motion de défiance a provoqué la colère du ministre des finances, Paschal Donohue, pour qui « la perspective d’élections ou d’une absence de gouvernement pour affronter ces défis est impensable ».

A son arrivée à Bruxelles pour une réunion des dirigeants de l’Union européenne et de six pays issus de l’ex-URSS, le ministre des affaires étrangères irlandais, Simon Coveney, a estimé que « le Fianna Fail agi[ssait] de manière inconséquente » et affirmé que l’exécutif ne lâcherait pas la vice-première ministre « sur la base d’accusations aussi fragiles ».

Parmi les élus, peu se montrent enthousiastes à l’idée d’entamer une campagne avant les fêtes de fin d’année.

« La dernière chose que je souhaite, c’est aller frapper aux portes de ma circonscription et faire concurrence aux chanteurs de Noël », avait déclaré dès jeudi soir le député du Fianna Fail Willie O’Dea. Mais s’il devait y avoir un nouveau scrutin, « qu’il en soit ainsi », avait-il ajouté, résumant la position de son parti.

Outre le Brexit, les inquiétudes étaient déjà en train de naître au sujet d’autres travaux législatifs. Ainsi, les militants pour l’avortement s’alarment d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée qui planche depuis plusieurs semaines sur le projet de référendum concernant un accès plus large à l’interruption volontaire de grossesse – jusqu’à présent illégale sauf si elle résulte d’une opération pour sauver la vie de la mère.

Mais aux yeux de certains analystes, des élections anticipées aboutiraient à un équilibre des forces similaire à l’actuel, et donc à une prolongation de la crise.