Deux semaines après sa sortie, « Coco » enregistrait déjà 34,9 millions d’euros de recettes au box-office mexicain. / DISNEY/PIXAR

« T’as vu “Coco” ? » La question est sur toutes les lèvres au Mexique, où la dernière création des studios Disney-Pixar est sur le point de devenir le blockbuster de l’année. En salle depuis le 27 octobre, le film, qui sortira mercredi 29 novembre en France, honore la culture mexicaine avec une intrigue en écho au célèbre Día de muertos (le jour des morts). Les 1er et 2 novembre, les Mexicains invitent leurs proches défunts à leur rendre visite dans le monde des vivants, selon un syncrétisme haut en couleur qui mêle les croyances pré-hispaniques aux chrétiennes.

Coco raconte l’histoire de Miguel, 12 ans, qui rêve de devenir musicien comme son idole disparue, Ernesto de la Cruz. Mais la musique est bannie de la famille de Miguel. Par un étrange concours de circonstances, le préadolescent est propulsé dans le monde des défunts, où il va rencontrer ses ancêtres, avant de lever le voile sur un lourd secret de famille, gardé par son attendrissante arrière-grand-mère, surnommée Coco.

Des squelettes délirants

Tout sauf morbide, le film offre un plongeon au cœur d’une tradition riche et métissée. Plus de deux semaines après sa sortie, Coco était déjà le plus grand succès national de tous les temps pour un film d’animation avec 34,9 millions d’euros de recettes au box-office mexicain. « Le film est une lettre d’amour au Mexique », explique l’Américain Adrian Molina, co-réalisateur du long-métrage avec Lee Unkrich (lauréat en 2011 d’un Oscar pour Toy Story 3).

COCO Bande Annonce VF (Nouvelle // 2017)
Durée : 02:52

Coco est truffé de références culturelles nationales qui deviennent vite universelles dans les pas de Miguel. Le chien chauve, qui le suit à la trace, est un xoloitzcuintle. Dans la mythologie aztèque, cette race accompagnait les défunts dans l’inframonde, celui des morts. Peuplé de squelettes élégants et délirants, l’univers de Coco s’inspire de l’œuvre colorée et parodique de l’illustrateur mexicain José Guadalupe Posada (1852-1913). Dans le monde des ancêtres, Miguel rencontre son idole, Ernesto de la Cruz, qui ressemble à l’acteur et chanteur Pedro Infante (1917-1957), avec sa fine moustache. Il croise aussi la peintre Frida Kahlo (1907-1954) ou des alebrijes, ces créatures fantastiques typiques de l’artisanat mexicain.

« Je sens, plus que jamais, une responsabilité et une grande fierté à diffuser la beauté de la culture mexicaine et à promouvoir ses talents. » Le réalisateur américain Adrian Molina

Coco serait-il un pied de nez au président des Etats-Unis, Donald Trump, qui, tout au long de sa campagne, avait tenu des propos cinglants à l’égard des migrants mexicains, qualifiés de « bad hombres », de « criminels » et de « violeurs » ? D’autant que son projet de mur frontalier avec le Mexique semble plus réel que jamais, après la présentation des premiers prototypes.

« Une vision positive de l’identité mexicaine »

« Nous avons travaillé six ans sur ce film, commencé bien avant que Trump ne soit candidat, assure Adrian Molina, dont la mère est mexicaine. Mais je sens, plus que jamais, une responsabilité et une grande fierté à diffuser la beauté de la culture mexicaine et à promouvoir ses talents. » La production a fait appel à plusieurs stars du pays. En tête, l’acteur et réalisateur Gael García Bernal, qui prête sa voix au personnage d’Hector, un sympathique arnaqueur qui accompagne Miguel dans le monde des morts.

A Mexico, le « jour des morts » en images

« Coco transmet une vision positive de l’identité mexicaine », s’est félicité Gael García Bernal dans les médias de son pays. Début novembre à Hollywood, lors de la première américaine, l’acteur a dédié le film « à tous les enfants [américains] qui ont un ancêtre mexicain et qui grandissent dans la peur », depuis l’élection de Donald Trump.

Selon lui, « le film ne changera pas la lecture incroyablement négative du Mexique aux États-Unis. Mais il peut tordre le cou à des préjugés ». Trump réagira-t-il à la sortie du film dans les salles américaines ? « Ne parlons plus de ce type, martèle l’acteur dans la presse mexicaine. Ne parlons plus jamais de lui ! »