Les kiosques aux couleurs des deux principales formations politiques ont été installés à Tegucigalpa, Honduras. / Rodrigo Abd / AP

Quelque six millions de Honduriens sont appelés dimanche 26 novembre à élire leur président lors d’un scrutin contesté, l’actuel chef de l’Etat Juan Orlando Hernandez visant la réélection, au grand dam de ses adversaires.

La Constitution du Honduras, en vigueur depuis 1982, interdit pourtant la réélection. Mais le Parti national (PN, droite) au pouvoir – qui contrôle les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire – soutient qu’une interprétation de la Constitution par la Cour suprême permettrait de passer outre. L’opposition, qui dénonce une « manoeuvre », affirme que le pouvoir judiciaire n’a pas cette prérogative.

Dans ce petit pays au coeur du « triangle de la mort » de l’Amérique centrale, miné par les gangs et la pauvreté, affichant un des plus forts taux d’homicide au monde, ces tensions risquent de rouvrir les blessures du coup d’Etat de 2009. Cette année-là, l’ancien président Manuel Zelaya avait été chassé du pouvoir par l’armée, soutenue par la droite et le monde des affaires, après s’être rapproché du vénézuélien Hugo Chavez. Il avait notamment été accusé de vouloir amender la Constitution afin de briguer un second mandat.

« Une lutte entre une dictature et la démocratie »

Arrivé au pouvoir en 2013 après des élections contestées par la gauche, Juan Orlando Hernandez, 49 ans, figure parmi les trois candidats, sur neuf, qui ont une chance de l’emporter dimanche, lors de ce scrutin à un seul tour.

Nouveau en politique, Salvador Nasralla, un journaliste de télévision de 64 ans, est le candidat de la coalition de partis de gauche Alianza de Oposición contra la Dictadura (Alliance de l’opposition contre la dictature). Luis Zelaya, 50 ans, du Partido Liberal (PL), l’autre formation de droite du pays, figure aussi dans le trio de tête, au côté du chef de l’Etat sortant.

Pour certains analystes, la volonté affichée du chef de l’Etat de s’accrocher au pouvoir augure d’une « élection compliquée ». « Pour la première fois, ce n’est pas une lutte entre conservateurs et libéraux, mais entre une dictature et la démocratie », estime l’analyste politique Victor Meza, du centre de documentation du Honduras. « La démocratie est en danger depuis que l’autoritarisme présidentiel a commencé à se renforcer. »

La présence d’observateurs internationaux

Les deux principaux adversaires du président Hernandez accusent le Tribunal suprême électoral (TSE) d’avoir préparé une fraude pour le déclarer vainqueur, ce que l’institution nie. « J’espère que vous ne vous découragerez pas lorsque de fausses informations commenceront à circuler. Nous devons rester vigilants », a lancé vendredi à ses partisans Salvador Nasralla.

« Notre obligation est de garantir un processus électoral transparent qui dispose de mécanismes de vérification, non seulement par le tribunal mais par les autres acteurs du processus », tels que les observateurs internationaux, a déclaré à l’Agence France Presse un des magistrats du TSE, Marco Ramiro Lobo. Selon l’institution, ces élections seront « les plus scrutées de l’histoire », avec la présence de 16 000 observateurs, dont 600 internationaux. Des délégations de l’Union européenne, de l’Organisation des Etats américains, du centre Carter et de plusieurs pays sont arrivées au Honduras.

Ces élections présentent un risque « de nouvelle crise (...) car il y a eu des petits coups d’Etat », juge le chercheur Marvin Barahona, en référence à la décision de la Cour suprême autorisant la réélection.