Le président de la La France insoumise, Jean-Muc Mélenchon, le samedi 25 novembre à Clermont-Ferrand. / THIERRY ZOCCOLAN / AFP

La France insoumise, acte II. Le mouvement s’est réuni en convention – la 3e de son existence - ce week-end à Clermont-Ferrand pour esquisser une réponse à cette question : passé l’enthousiasme de la récente séquence électorale, que faire, et surtout comment ? « Il y avait une transition qui était délicate à passer », a expliqué Jean-Luc Mélenchon dimanche 26 novembre devant des journalistes. « Les deux premières conventions étaient dans le feu de la campagne présidentielle, leur objet (était) évident. On est à une autre étape, il va falloir s’installer dans la durée », a-t-il prévenu.

Tout au long du week-end, les cadres de LFI se sont échiné à convaincre que le moment ne correspondait pas à la recherche d’un « second souffle », qui sous-entendrait une perte de vitesse, mais bien le passage à un objet politique inédit, autour d’un mot d’ordre : « l’action ». Le mouvement entend se structurer en particulier autour de groupes d’« auto-organisation populaire » à l’échelle de quartiers ou de petites communes pour proposer de l’aide aux habitants sur des problèmes concrets. LFI met aussi en place un « réseau des luttes » avec une adresse email où chacun pourra faire remonter des causes locales qu’il juge légitimes et demander un soutien national. Les militants ont par ailleurs voté ce week-end pour la mise en œuvre de trois campagnes nationales contre l’évasion fiscale, pour la fin du nucléaire et la lutte contre la pauvreté.

Changement de tactique

LFI change ainsi de tactique, alors que les manifestations contre les ordonnances réformant le code du travail n’ont pas eu le succès escompté. Samedi, en ouvrant la convention, M. Mélenchon avait imputé cet échec aux divisions syndicales qui ont « nuit de manière incroyable » et ont fait que « la bataille a été menée en dépit du bon sens ». Avec davantage d’union, « on est persuadés qu’on aurait pu mettre des centaines de milliers de personnes dans la rue », commente un élu qui explique qu’il faut désormais chercher de nouveaux types de mobilisation et « ne pas attendre les Européennes de 2019 pour mettre la pression ».

Pour M. Mélenchon, c’est le moment de commencer à exercer cette pression. « Je sens bien le terrain, je ne m’arrête pas à l’apparence, je pense que ce que fait Macron n’imprime pas, qu’il n’a pas de base sociale, et qu’il a mangé son pain blanc, parce que maintenant les gens vont être confrontés aux conséquences de sa politique. C’est maintenant qu’ils vont voir les services publics se fermer. Par conséquent, la galère, elle commence pour lui maintenant et elle finit pour moi. »

Pour le député de Marseille, le président de la République a une « stratégie de lutte » en multipliant projets de loi, annonces et mesures. Le travail parlementaire du dernier trimestre a été à ce titre « une épreuve physique et intellectuelle » pour les 17 membres du groupe LFI à l’Assemblée. Mais l’ancien candidat à la présidentielle nie toute « déprime », qu’on lui attribue depuis qu’il a reconnu en octobre avoir perdu une manche face à M. Macron et que les polémiques concernant des cadres de son mouvement se sont succédé.

A Clermont-Ferrand, M. Mélenchon s’est défini comme un « passeur », qui n’a pas vocation à diriger cette France insoumise qu’il décrit comme « gazeuse ». Mais « je garde un double des clefs (…), je ne pars pas à la retraite », a-t-il prévenu.