Khalifa Sall est désormais sur la sellette de la justice. L’Assemblée nationale sénégalaise a levé samedi 25 novembre au soir l’immunité parlementaire du maire de Dakar, emprisonné depuis mars et élu député en juillet. A l’issue d’une séance plénière chahutée, 125 députés contre 27 ont voté le rapport d’une commission parlementaire préconisant cette levée.

Opposant au président Macky Sall (Alliance for the Republic) – avec lequel il n’a pas de lien de parenté –, le maire de Dakar est considéré comme l’un des principaux concurrents pour la présidentielle de 2019, à condition qu’il puisse se présenter.

Dans l’après-midi, les forces de l’ordre avaient dispersé à coups de gaz lacrymogènes quelques dizaines de ses partisans aux abords de l’Assemblée, dans le centre de la capitale sénégalaise, ont rapporté les médias locaux.

Le maire n’a pas été entendu

Khalifa Sall est accusé de « détournement de fonds publics ». La levée de son immunité ouvre la voie à un procès, où il devra répondre de dépenses « non justifiées » de plus de 2,7 millions d’euros prélevés pendant plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de sa mairie, ce qu’il nie.

Ses soutiens estiment qu’il paye pour son statut de dissident du Parti socialiste, membre de la coalition au pouvoir, et arguent qu’il doit bénéficier de l’immunité parlementaire même s’il était déjà en détention préventive lorsqu’il a été élu.

Il n’a pas été entendu par la commission parlementaire chargée de statuer sur sa levée d’immunité, ce que ses alliés ont critiqué avec véhémence lors de la séance de samedi. Khalifa Sall estime qu’en tant que député, il ne pouvait être entendu que libre. Mais la majorité lui a reproché de ne pas avoir répondu à la lettre de convocation qui lui a été envoyée cette semaine en prison et de ne pas « avoir voulu » être entendu.

Maire de Dakar depuis 2009, il a été élu en juillet député à la tête d’une coalition de plusieurs partis d’opposition aux législatives, largement remportées par la majorité présidentielle.