Emmanuel Macron, en juillet, à Bamako. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Une adresse à la jeunesse africaine. Emmanuel Macron prononcera mardi 28 novembre devant 800 étudiants, à l’université de Ouagadougou (Burkina Faso), un long discours pour présenter sa « vision personnelle du rapport de la France avec le continent africain », selon l’Elysée. Cela fait plusieurs semaines que le chef de l’Etat travaille ce texte avec sa plume, le normalien Sylvain Fort.

Pour ce discours inaugural, l’Elysée a voulu innover dans la méthode. M. Macron a dîné le 14 novembre avec les représentants du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), qui se réunissent chaque semaine depuis fin août pour nourrir la politique africaine du chef de l’Etat. « L’échange avec le CPA a aidé à constituer l’ossature du discours », explique un conseiller.

Autre innovation, les auteurs se sont imprégnés d’une série de micros-trottoirs réalisés par les médias locaux à l’université de Ouagadougou, afin de recueillir l’état d’esprit des étudiants, notamment leur vision de la France. « On a abondamment lu tous ces micros-trottoirs avant de rédiger le discours », explique un conseiller, qui ajoute : « C’est du brut, ça ne fait pas forcément plaisir à entendre. »

Improvisations polémiques

De manière générale, le chef de l’Etat – qui a des prétentions littéraires – apporte un soin particulier à ses discours, surtout depuis son arrivée à l’Elysée, où ses textes sont plus construits que pendant la campagne. Selon le sujet abordé, un conseiller technique apporte une « base défrichée » à la plume Sylvain Fort, qui engage ensuite un processus d’allers et retours avec le président. Ce dernier se montre attentif à la dynamique du texte, à son souffle, plus qu’aux détails. Il relit et retravaille ses discours la nuit ou le week-end. « Il annote beaucoup dans la dernière ligne droite », explique un conseiller.

Novice en politique, M. Macron, qui a une courte expérience en la matière, a évolué dans sa manière de préparer ses interventions. A Bercy, il fonctionnait par « bullet point ». Ses collaborateurs lui préparaient une fiche cartonnée au format A5 avec une introduction et une conclusion rédigées et plusieurs points synthétiques à développer. Le président réclame désormais des discours entièrement écrits sur des feuilles volantes. Même si, face au public, il décide souvent de s’écarter du texte. « Il refait 25 % des discours à l’oral, explique un conseiller. Il se nourrit des lieux ou des contacts qu’il a eus avant. » Ses improvisations provoquent parfois des polémiques, comme début septembre à Athènes, quand il avait soudain morigéné les « fainéants ».

Mais M. Macron reste plutôt fidèle au texte écrit quand il s’agit des discours mémoriels, indique l’Elysée. Il pourrait l’être aussi s’agissant de son discours sur l’Afrique, où chaque mot comptera. Les digressions de Nicolas Sarkozy sur « l’homme africain (…) pas assez entré dans l’Histoire », en 2007 à Dakar, avaient durablement terni sa relation avec l’Afrique.