Deux ans après avoir annoncé une sévère restructuration de son réseau, avec la fermeture de 20 % de ses points de vente à horizon 2020, la Société générale a décidé de durcir encore le traitement appliqué à son activité de banque de détail en France.

Dans le cadre de son plan stratégique pour 2020 « Transform to grow » (« transformer pour croître »), la banque française a prévu la suppression de plus d’une centaine d’agences supplémentaires. Ainsi, au terme du plan, l’enseigne ne comptera plus que 1 700 agences dans l’Hexagone, soit un réseau équivalent à celui de LCL (1 640 agences prévues en 2020).

Surtout, la Société générale va continuer de supprimer des postes dans ce métier de banque de proximité, en fermant des guichets, en réduisant de 20 à 14 ses plates-formes de centres de traitements (back-office), et en automatisant 80 % des processus internes entre l’agence et le back-office d’ici 2020. « Ce plan pourrait conduire à environ 900 suppressions de postes en
complément des 2 550 déjà annoncées début 2016, portant leur nombre total à environ 3 450 à l’horizon 2020 »
, a précisé le groupe dans un communiqué.

La banque avait pu jusque-là réduire ses effectifs en utilisant sa pyramide des âges, en raison d’importants départs à la retraite, et en utilisant la mobilité interne au sein du groupe. Mais, outre ces deux leviers, elle prévoit pour ce plan de recourir à des départs volontaires.

Ces mesures participeront à hauteur de 250 millions d’euros au nouveau plan global de réduction des coûts prévu par le groupe, qui atteindra au total de 1,1 milliard d’euros d’économies à horizon 2020.

Envoyer des signaux de reprise

La Société générale, qui avait été la première institution financière à annoncer clairement, fin 2015, des mesures d’économies dans son activité de banque de détail, a depuis été suivie par d’autres, notamment LCL, BNP Paribas et BPCE. Toutes ont mis en avant la baisse de la fréquentation des agences bancaires et le développement des opérations sur smartphones. C’est d’ailleurs l’exemple de la banque que le président Emmanuel Macron avait utilisé, lors de son intervention télévisée du 15 octobre dernier sur TF1, pour illustrer les conséquences du numérique sur la disparition de certains métiers.

Dans le même temps, pour « accélérer la transformation digitale de son modèle », améliorer l’expérience client, et offrir aux consommateurs de nouveaux services, la Société générale a décidé d’investir 150 millions d’euros dans différents projets innovants.

Après avoir affiché pendant les trois premiers trimestres de 2017 un bénéfice en recul, le groupe a, par ailleurs, envoyé au marché des signaux de reprise. Il mise ainsi sur 3,6 milliards d’euros de revenus supplémentaires d’ici 2020. En France, il entend notamment s’appuyer sur son activité de banque privée « au service des clients patrimoniaux et fortunés », ou développer ses activités auprès des entreprises et professionnels. A l’international, la Société générale veut continuer de croître en Afrique, et achever le redressement de sa filiale en Russie.

Des activités trop peu rentables

Pour optimiser l’allocation de son capital, la banque va céder ou fermer nombre d’activités n’ayant pas la taille critique ou ne générant pas suffisamment de synergies. Si elle occupe des positions de premier plan en Roumanie et en République tchèque, l’institution pourrait être amenée à céder d’autres activités jugées trop peu rentables en Europe de l’Est. « Le capital ainsi disponible sera soit réalloué aux métiers de manière rentable, soit redistribué aux actionnaires », a prévenu le groupe. Enfin, la banque s’engage sur une hausse de sa rentabilité, avec un objectif de rentabilité des fonds propres (ROE) ambitieux de 10 % en 2020 (contre 7,3 % en 2016).

Reste à savoir si ces annonces seront de nature à convaincre les marchés, qui traitent depuis plusieurs mois la banque française avec sévérité. Les investisseurs s’inquiètent en effet des risques d’amendes auxquels la banque doit faire face aux Etats-Unis en raison de plusieurs litiges (l’affaire du Libor, celle de la Libyan Investment Authority et celle des embargos américains) et s’interrogent sur la rentabilité du groupe, notamment en Europe de l’Est.

Depuis le début de l’année, le titre a perdu plus de 8 % de sa valeur alors que l’indice bancaire européen a gagné plus de 5 % depuis janvier. Ses concurrents français, BNP Paribas et Crédit agricole SA, ont quant à eux progressé respectivement de près de 5 % et de plus de 18 % cette année.