Les traitements contre le cancer seraient-ils en voie de démocratisation ? Le laboratoire américain MSD (Merck) et le comité interministériel chargé de fixer les prix des médicaments remboursés par la Sécurité sociale ont trouvé un accord sur celui d’un anticancéreux innovant, le Keytruda, révèle le quotidien les Echos dans son édition de lundi 27 novembre. Contacté par l’Agence France Presse, le ministère de la santé a confirmé qu’il a été voté jeudi dernier, « après six mois de négociations », selon le quotidien. Il vise à limiter les dépenses de l’assurance maladie pour ce traitement très onéreux, tout en le rendant accessible à davantage de patients.

« Keytruda était déjà disponible pour les patients français depuis août 2014, mais de façon dérogatoire, donc pour un nombre d’indications limitées » comme le mélanome, le cancer du poumon ou du rein. Il sera désormais également recommandé pour le carcinome bronchique, selon le ministère.

Le prix arrêté n’est pas connu mais selon les Echos, « les autorités espèrent à présent contenir en dessous de 600 millions d’euros par an la dépense liée à Keytruda et Opdivo, les deux traitements vedettes de l’immunothérapie en oncologie ».

Les traitements anticancéreux, 10% des dépenses de l’assurance maladie en 2015

Arrêté « il y a un an », le prix d’Opdivo « s’élève aujourd’hui à 5 400 euros par mois pour un malade de 70 kilos – sans compter les remises secrètes négociées avec le gouvernement », précise le quotidien.

« En 2016, la dépense pour ces deux molécules sous ATU [autorisation temporaire d’utilisation, qui permet de délivrer ces produits rapidement avant leur mise sur le marché] s’est élevée à 318 millions d’euros. Mais elle ne cesse de grimper », les thérapies ciblant des populations de plus en plus larges sans que leurs « prix unitaires » ne baissent, explique le quotidien.

La diffusion d’innovations thérapeutiques coûteuses sans rationnement est l’un des principaux défis auxquels est confrontée l’assurance maladie. Sous le gouvernement précédent, des négociations avaient permis de faire baisser fortement les prix de traitements innovants contre l’hépatite C, rendus accessibles à tous les malades. En 2015, le coût global de la prise en charge des traitements anticancéreux a représenté 10% des dépenses de l’assurance maladie contre 6,6% en 2007, selon la Ligue contre le cancer.