STEPHANE TRAPIER

Une multitude de chemins mènent au métier de comédien, mais l’un des plus sûrs est extrêmement sélectif. Il passe par l’une des treize écoles supérieures d’art dramatique délivrant le diplôme national supérieur professionnel de comédien (DNSPC). Chaque année, une centaine d’étudiants décrochent ce Graal, à l’issue de trois ans de formation intense dans des conditions privilégiées : douze à seize élèves par promotion, ­représentations régulières, intervenants de renommée internationale, études quasi gratuites, aides financières pour l’insertion professionnelle…

Ces treize établissements, ­situés dans différentes villes de France, attirent plusieurs centaines de postulants à chacun de leurs concours. Pour être ­admis, les candidats doivent avoir entre 18 et 26 ans et préparer deux à quatre scènes de trois minutes dans des registres variés qu’ils interpréteront face au jury, lors des tours de sélection propres à chaque école.

Prépas gratuites intégrées

Des jurys exigeants, en quête d’« êtres lumineux », de « personnalités à forte dimension artistique », de « vrai regard dramaturgique », de « singularité »… Ils cherchent à constituer des promotions hétérogènes, « car cette diversité crée les échanges nécessaires pour nourrir leur formation pendant trois ans », souligne Didier Abadie, directeur de l’Ecole régionale d’acteurs de Cannes et Marseille (ERAC).

Exigeants, en quête de « singularité », les jurys cherchent à constituer des promotions hétérogènes.

Si une année d’expérience théâtrale est exigée pour postuler au concours, « les élèves ­admis ont souvent quatre à six ans de pratique derrière eux », prévient Franck Manzoni, directeur pédagogique de l’Ecole ­supérieure de théâtre Bordeaux Aquitaine (ESTBA). Ils sortent de conservatoires (cours gratuits), de cours privés (environ 4 000 euros par an), de compagnies de théâtre, ou bien de ­classes préparatoires gratuites créées pour les jeunes issus ­d’environnements défavorisés. « Cette accessibilité est ­nécessaire si l’on ne veut pas que le théâtre reste la prérogative des classes moyennes et supérieures », souligne Arnaud Meunier, directeur du théâtre de la Comédie et de l’Ecole supérieure d’art dramatique de Saint-Etienne. On trouve trois de ces prépas ­intégrées à Saint-Etienne (classe préparatoire Egalité des chances), Bobigny (Master Class 93) ou Strasbourg (1er Acte).

Publics ou privés, ces cursus de préparation aux concours sont eux aussi accessibles sur sélection (audition et/ou entretien). Ils durent entre un et trois ans et permettent aux élèves de travailler différentes techniques d’interprétation, de développer leur personnalité théâtrale, leur culture artistique, et de préparer les scènes d’audition qu’ils présenteront en concours. « Il faut bien quatre mois de travail sur ces scènes pour s’en emparer et les comprendre entièrement », explique Didier Abadie.

« Quelque chose de sportif »

« Les candidats aux écoles supérieures doivent être conscients qu’après plusieurs années de cours de théâtre, c’est un vrai choix de se relancer dans ces écoles », prévient Jérôme Léguillier, directeur du Cours Florent à Montpellier, où vient d’ouvrir un cycle de préparation spécialisé pour les écoles supérieures d’art dramatique.

Ce choix, Léo Namur, étudiant à l’ESTBA, a réussi à le concrétiser après trois tentatives. Passé par un conservatoire d’arrondissement, l’option de « spécialité » au lycée (cinq heures de théâtre par semaine) et deux écoles privées, il montait sur les planches ­depuis l’âge de 7 ans. « Mais les concours c’était un exercice bien particulier qu’il m’a fallu comprendre, explique-t-il. J’ai fini par réussir en présentant des scènes que j’avais interprétées de façon très personnelle ».

Depuis peu titulaire du DNSPC du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Isis Ravel retient de ces épreuves l’impression « de quelque chose de sportif ». Admise en cycle d’orientation professionnelle au conservatoire de Lyon, pour préparer les concours, « j’ai mis toute ma volonté pour travailler des scènes que j’aimais vraiment », se souvient-elle. Son ­objectif : « Faire du théâtre tous les jours de ma vie. »

Salon des formations artistiques du « Monde », samedi 2 et dimanche 3 décembre 2017

Plus de 100 écoles de mode, de design, de cinéma, de graphisme, de jeux vidéo, d’architecture seront présentes lors du Salon des formations artistiques (le START) du groupe « Le Monde », organisé le premier week-end de décembre à Paris, aux Docks - Cité de la mode et du design.

Des défilés de mode et des ateliers permettront de se faire une idée des différents cursus. Sont également prévues des conférences thématiques, animées par des journalistes de Télérama.

Le salon est précédé de la parution, dans Le Monde daté du 30 novembre et sur Lemonde.fr/ecoles-d-art, d’un supplément consacré aux formations artistiques.

Entrée gratuite, préinscription (recommandée) et informations sur http://www.le-start.com/