Début septembre, Donald Trump s’était mis d’accord avec les chefs de l’opposition démocrate pour relever temporairement le plafond de la dette. / EVAN VUCCI / AP

A dix jours du 8 décembre, date à laquelle le Congrès est censé avoir trouvé un accord sur le financement de l’Etat fédéral, sous peine d’un « shutdown », les leaders démocrates annoncent qu’ils vont boycotter une réunion prévue, mardi 28 novembre, avec Donald Trump sur le budget, la régularisation de centaines de milliers de jeunes clandestins ou encore la réforme de la fiscalité. La réunion était prévue à la Maison Blanche avec également Paul Ryan et Mitch McConnell, chefs républicains de la Chambre et du Sénat.

« Etant donné que le président ne croit pas qu’un accord soit possible entre les démocrates et la Maison Blanche, nous estimons préférable de continuer à négocier avec nos homologues républicains au Congrès à la place », ont déclaré dans un communiqué Nancy Pelosi et Chuck Schumer, chefs des démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat, respectivement.

Quelques heures avant la rencontre, le président a fait part, sur Twitter, de son pessimisme sur les chances de compromis avec les démocrates. « Je rencontre Chuck et Nancy  aujourd’hui pour que le gouvernement continue à fonctionner. Le problème est qu’ils veulent que les clandestins continuent à inonder notre pays sans contrôle, qu’ils sont faibles sur la criminalité et qu’ils veulent AUGMENTER les impôts de manière significative », a-t-il lancé. « Je ne vois pas d’accord ! », a-t-il ajouté.

Au plus bas dans les sondages, disposant d’un bilan législatif maigre, Donald Trump a pourtant besoin d’une victoire au Congrès dans les semaines à venir. Mais pour celui qui se présente comme un négociateur hors pair, l’équation politique s’est compliquée.

Réforme fiscale contre « dreamers »

Le président souhaite le vote d’une vaste réforme fiscale, une de ses promesses de campagne envers « la classe moyenne » mise en avant comme outil incontournable vers une croissance plus robuste.

A la mi-novembre, il avait franchi une première étape, avec l’adoption d’un texte par la Chambre des représentants. Mais le plus dur reste à venir au Sénat où, avec 52 sièges sur 100, les républicains ne peuvent se permettre plus de deux défections.

Les démocrates, eux, ont la ferme intention de pousser l’une de leurs priorités : offrir un statut – et des perspectives d’avenir – aux centaines de milliers de « dreamers » (rêveurs), sans-papiers arrivés enfants aux Etats-Unis.

Donald Trump a supprimé un programme de Barack Obama les protégeant, connu sous le nom de Daca. Et donné au Congrès six mois pour trouver une solution.

Interrogée sur les débats à venir, Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, a dit lundi espérer que les démocrates ne « prennent pas le gouvernement en otage ».

En septembre, Trump négociait avec les démocrates

La dernière rencontre entre Donald Trump et les leaders des deux partis au Congrès, début septembre, avait donné lieu à un épilogue surprenant. Désavouant ses partenaires de la majorité républicaine, M. Trump s’était mis d’accord avec les chefs de l’opposition démocrate pour relever temporairement le plafond de la dette.

Quelques jours plus tard, lors d’un dîner à la Maison Blanche qui allait faire couler beaucoup d’encre, il accentuait le malaise dans son propre camp en négociant directement avec l’opposition démocrate sur la question sensible de l’immigration. Depuis, le ton a changé. Donald Trump n’a de cesse de dénoncer « l’obstruction » systématique de ses adversaires démocrates.