Les personnels des lycées français de l’étranger, soutenus par les familles, se sont largement mobilisés, lundi 27 novembre, contre la baisse des dotations de l’Etat à l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE), organisme public chapeautant les 492 établissements du réseau, qui scolarisent 350 000 élèves (dont 40 % français) dans 137 pays.

Les syndicats s’inquiètent d’un affaiblissement d’un réseau réputé, élément clef du « soft power » français et du rayonnement de la francophonie : « Les lycées sont un outil d’influence majeur pour la diplomatie (…) et c’est un réseau pour les entreprises françaises qui permet de favoriser la mobilité de leur personnel en offrant une continuité d’une scolarité de qualité », résume Jean-Baptiste Ribet, responsable du syndicat SNES et professeur de mathématiques au lycée français de Madrid, l’un des plus grands au monde, avec environ 4 000 élèves, où la grève a été suivie à plus de 80 %. 40 % de grévistes ont été décomptés dans le secondaire à Londres, qui compte 3 700 élèves, 83 % en primaire à Vienne, 80 % à Athènes, 100 % au primaire à Varsovie (et plus de 50 % dans le secondaire).

33 millions d’euros de crédits annulés

A Pékin, plus de trois quarts des professeurs ont répondu à l’appel du SNES-FSU, premier syndicat des enseignants du secondaire ; et 57 % au lycée de Tokyo où, pourtant, « les mouvements de grève sont rares », selon des responsables syndicaux. La participation était également forte à New Delhi, où Stéphanie Orace, professeure en poste depuis six ans, rapportait n’avoir « jamais vu une grève suivie comme cela ».

A Dakar, la grève était suivie à environ 70 % dans le secondaire et à 80 % dans le primaire, selon un délégué syndical, qui évoque la suppression de trois postes de titulaires l’an prochain.

L’inquiétude grandit depuis l’annulation, en juillet, de 33 millions d’euros de crédits de l’AEFE pour l’année en cours. L’association Français du monde-ADFE et quatre syndicats (SNES-FSU, SNUipp-FSU, UNSA-Education et SGEN-CFDT) s’en sont inquiétés dans un communiqué commun, le 6 novembre :

« Cette baisse de près de 10 % de son budget contraint l’AEFE à prévoir la suppression sur les trois ans à venir de plus de cinq cents postes d’enseignants titulaires, soit 8 % des effectifs actuels. »

Une pétition en ligne a été signée par plus de 18 000 personnes, en trois jours, s’inquiétant aussi de l’impact des choix budgétaires « sur la qualité des enseignements dispensés au sein des établissements français à travers le monde », d’un gel des investissements et d’une hausse des frais de scolarité. « Tel qu’il est dessiné, le système de l’enseignement français à l’étranger se dirige vers une privatisation qui ne dit pas son nom, ou même vers une disparition », estime le texte.

Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères, autorité de tutelle de l’AEFE, a confirmé, lundi, la baisse de la dotation tout en assurant que « les suppressions de postes ne toucheront pas d’enseignants en cours de contrat ». Le ministère, qui n’a pas donné de taux de grévistes, promet des recrutements « d’agents en contrat local » et renouvelle son « attachement à la promotion de l’enseignement français à l’étranger ».