LES CHOIX DE LA MATINALE

Un humoriste australien qui campe une brochette de personnages, la saison 3 d’« American Crime », et « Alphonse président », la nouvelle série OCS signature. Voici notre sélection de séries hebdomadaire.

« Angry Boys » : Chris Lilley et ses vrais-faux personnages

Angry Boys: Season 1 - Trailer (HBO)
Durée : 01:02

On se souvient de Ja’mie : Private School Girl (2013), créée et interprétée par Chris Lilley (travesti pour l’occasion), diffusée pendant l’été 2014 par OCS puis, l’année suivante, par Canal+ Séries. L’humoriste australien – alors à la trentaine bien entamée – y jouait une collégienne délicieusement vaniteuse et insupportable.

Le voici en vedette dans Angry Boys, tournée deux ans plus tôt sur le mode d’un « mockumentary », une fausse émission de télé-réalité. Lilley joue non seulement les rôles de jumeaux de 17 ans – l’un étant sourd et légèrement handicapé mental –, mais aussi ceux de leur grand-mère surveillante d’une prison pour jeunes délinquants, d’une mère abusive japonaise, d’un jeune rappeur afro-américain sur le déclin ainsi que d’un surfeur dont le quotient intellectuel n’est pas plus élevé que celui des précédents.

Le ton est très libre, parfois trop, au point que Chris Lilley a été l’objet de critiques et de polémiques assez vives en son pays : les minorités ethniques, les handicapés, entre autres, ne sont pas épargnés. Mais le propos, parfois « limite », passe grâce aux situations et échanges hilarants et aux second et même troisième degrés sur lesquels se fonde le comique.

Chris Lilley a un autre talent, rare chez les transformistes : celui d’être capable d’incarner de manière crédible différents sexes, âges et physiques sans pour autant se grimer à outrance. Tout est dans l’attitude, la gestuelle, les accents et le vocabulaire. On pourra revoir aussi, sur OCS Go, Ja’mie : Private School Girl ainsi que Jonah from Tonga (2014). Mais Angry Boys s’impose en premier. Renaud Machart

Angry Boys, série créée par Chris Lilley. Avec Chris Lilley (Australie, 2011, 12 x 28 min). Sur OCS GO à la demande.

« American Crime » : un clap de fin sur l’esclavage

American Crime Season 3 Trailer (HD)
Durée : 02:21

American Crime, créée en 2015 par le romancier, scénariste et réalisateur américain John Ridley, a su traiter avec beaucoup de finesse les failles et les faillites sociétales nord-américaines. La saison 1, probablement la moins forte des trois, révélait quelques perturbantes vérités aux parents de la victime d’un crime crapuleux. La suivante abordait subtilement le sujet du viol présumé d’un jeune lycéen par l’un de ses camarades. La saison 3 narre le voyage d’un Mexicain qui découvre, dans une exploitation agricole en Caroline du Nord, le lieu d’un véritable esclavagisme.

Un deuxième axe traverse la saison 3 d’American Crime : la vie chaotique et tragique d’une jeune fille mineure, prostituée et enceinte, que tente de prendre en charge une travailleuse sociale dont l’idéalisme se heurte aux réalités parfois cyniques du mécénat à l’américaine. Qu’ABC ait diffusé en prime time un portrait aussi politique et critique de la société nord-américaine tient du miracle. Mais le miracle n’a pas tenu : American Crime n’aura pas trouvé son (grand) public, et la chaîne a finalement décidé de ne pas offrir de quatrième saison à cette exceptionnelle série. R. Ma.

American Crime, saison 3, série créée par John Ridley. Avec Felicity Huffman, Connor Jessup, Timothy Hutton, Richard Cabral, Benito Martinez (EU, 2017, 8 × 42 min). Sur Canal+ replay à la demande.

« Alphonse président » : du burlesque affligeant

Alphonse Président Trailer saison 1 (VF)
Durée : 01:18

OCS, le bouquet de chaînes cinéma et séries d’Orange, se distingue notamment par les liens privilégiés qu’il entretient avec la chaîne câblée nord-américaine HBO, qui a produit parmi les meilleures séries qui soient (Les Soprano, En analyse, The Wire, Six Feet Under, etc.).

Pour ce qui est de la production française, à laquelle s’attache aussi OCS, les résultats sont infiniment moins convaincants. Pour une série d’exception comme Les Grands, créée par Joris Morio et Benjamin Parent, il faut hélas compter des productions assez navrantes comme José, créée par Frank Bellocq, Jean-Luc Cano, Jean-Michel Ben Soussan, Gaël Mectoob ou, nouvellement arrivée dans le cadre des programmes « OCS Signature », Alphonse président, créée par Nicolas Castro.

Pour faire passer la pilule, OCS parle d’« une comédie burlesque au cœur des institutions, un vaudeville au ton de BD, une série complètement décalée à l’humour… so frenchy ! » En ce qui nous concerne, cette satire grotesque en semelles de plomb, qui grossit tellement le trait qu’elle en perd toute finesse critique, nous aura laissés sur le carreau. Et ce en dépit du savoureux Michel Vuillermoz en Alphonse Dumoulin, président du Sénat, décidé à occuper pleinement le poste laissé vacant par la disparition soudaine du président de la République en place. R. Ma.

Alphonse président, série créée par Nicolas Castro. Avec Michel Vuillermoz, Nabiha Akkari, Alexandre Blazy (Fr., 2017, 8 x 28 min). Sur OCS Go à la demande.