Le Tribunal pénal international (TPIY) à La Haye a connu un véritable coup de théâtre, mercredi 29 novembre. Alors qu’il venait de confirmer la condamnation à vingt-cinq ans de prison de Jadranko Prlic, l’ex-dirigeant des Croates de Bosnie, l’un des cinq autres accusés croates de Bosnie a pris du « poison » au moment de son verdict, forçant le tribunal à suspendre son audience.

Slobodan Praljak, 72 ans, a crié « Praljak n’est pas un criminel ! Je rejette votre verdict », alors que le tribunal venait de confirmer sa condamnation à vingt ans de prison. Il a ensuite sorti une fiole de sa poche et avalé le contenu devant les caméras qui filmaient. Son avocat a affirmé que son « client [avait] pris du poison ». Alors que des responsables du tribunal s’affairaient autour de M. Praljak, le juge président Carmel Agius a immédiatement ordonné la suspension de l’audience et les rideaux entourant la salle du tribunal ont été tirés.

D’après le tribunal, M. Praljak est toujours en vie et reçoit des soins médicaux.

Cette audience en appel concernait six ex-dirigeants et chefs militaires des Croates de Bosnie, accusés notamment de crimes de guerre durant le conflit croato-musulman (1993-1994) qui a éclaté durant la guerre de Bosnie (1992-1995).

Dernier jugement du TPIY

Une peine de quarante ans de prison avait été requise contre Jadranko Prlic, l’ex-dirigeant des Croates de Bosnie, condamné en 2013 à vingt-cinq ans de prison en première instance pour avoir mené le transfèrement de populations musulmanes durant la guerre de Bosnie et pour avoir eu recours à des meurtres, des viols et des destructions de biens civils dans le but de créer une « grande Croatie ».

Durant la guerre, « des dizaines de milliers de Musulmans ont été expulsés de leur maison… des milliers ont été arrêtés et détenus dans d’horribles conditions », avait déclaré la représentante du procureur, Barbara Goy, lors des réquisitions en appel.

« Je ne faisais pas partie de la chaîne de commandement » des forces croates de Bosnie, le HVO, a affirmé M. Prlic aux cinq juges du TPIY, assurant que les Croates avaient été « forcés » de se défendre.

Ces actes sont qualifiés par l’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, commis lors de la guerre en Bosnie (1992-1995) qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés.

Siégeant à La Haye, le TPIY devait se prononcer mercredi pour la toute dernière fois avant d’achever ses travaux en décembre, après avoir consacré plus de vingt ans à juger ceux qui ont commis les pires atrocités en Europe depuis la seconde guerre mondiale.