L’embellie se confirme pour Mouv’. Selon les derniers chiffres radio de Médiamétrie publiés le 16 novembre, la station à destination du jeune public de Radio France a effectué sa meilleure rentrée depuis 2008 avec 0,8 % d’audience cumulée (Médiamétrie), soit 441 000 auditeurs quotidiens (330 000 en région). Un contexte favorable pour l’ouverture, ce jeudi 30 novembre à 20 h 30, de sa deuxième édition du « Mouv’ Hip-Hop Symphonique » où, à l’instar de la première édition en juillet 2016, l’orchestre philharmonique de radio France accompagnera des rappeurs sur deux morceaux chacun à l’auditorium de la maison de la radio.

Après IAM, MC Solaar, Ärsenik, Youssoupha et BigFlo & Oli, cette deuxième édition verra Gaël Faye, Oxmo Puccino, Sages Poètes de la rue et Georgio se représenter sous la direction artistique du producteur Issam Krimi. « Au départ, avec le Mouv’ Live Show, on invitait des rappeurs dont la musique était jouée par neuf musiciens. Très vite, cette expérience a conduit à la création d’un projet encore plus grand qu’est le Mouv’ Hip-Hop Symphonique. Je ne pouvais pas directement passer du freestyle hip-hop à l’orchestre ! », explique le directeur de Mouv’ Bruno Laforestrie.

repositionnement sur la culture hip-hop

En revanche, le changement de la ligne éditoriale de Mouv’ que Bruno Laforestrie a dû orchestrer, à partir de février 2015, s’est révélé plus abrupt, avec un repositionnement sur la culture hip-hop. Ce déplacement a, cependant, permis à la radio de quasiment tripler son nombre d’auditeurs en deux ans, passant de 155 000 à 441 000. Il est également apparu logique : en effet, Bruno Laforestrie a longtemps été à la tête de la station Générations, la Hip Hop Soul Radio. Ainsi pourrait notamment s’expliquer la présence de certains animateurs comme Selecta K-za (sélection raggae) et Pascal Cefran (matinale) sur les ondes de la radio publique. « Certains animateurs avec qui j’ai travaillé, m’ont suivi », confie laconiquement M. Laforestrie.

« Mouv’ a enregistré sa troisième vague successive de hausse significative de son audience qui, en plus d’avoir été consolidée, a été rajeunie de 2,8 ans en un an », détaille le directeur du Mouv’. Une progression rendue possible par la forte présence de la radio sur les réseaux sociaux qui permettent d’aller chercher son public « là où il est ». La station affiche des résultats en forte hausse sur l’ensemble de ses supports numériques avec plus de 31 millions de vidéos vues (tous supports confondus) depuis janvier, dont 3,4 millions en octobre. L’émission « Snap and mix », où les auditeurs interviennent via SnapChat, attire plus de 100 000 auditeurs en moyenne, contre environ 30 000 il y a deux ans.

Diffusion numérique

Souvent associée à France 4 comme mauvais élève du service public en perpétuelle quête d’identité, Mouv’ semble avoir trouvé ses auditeurs ainsi que le voulait Mathieu Gallet, Président de radio France. Ce dernier évoquait en mai 2015 lors d’une audition au Sénat :
« Mouv’ a 32 fréquences, cette diffusion en FM coûte de l’argent. Si elle ne trouve pas son public dans les 18 mois, il faudra revoir la façon dont on diffuse cette radio. » Les derniers chiffres lui donnent de quoi respirer. En apparence seulement.

Comme le révèle en effet le document du ministère de la culture (« Contribution au Comité action publique 2022 », révélée par le Monde le 13 novembre), Mouv’, comme France 4, pourraient êtres cantonnés à une diffusion seulement numérique. « On est la radio avec l’un des plus faibles coûts de radio France [environ 2 % du groupe]. Le sujet n’est pas tant celui des conditions de notre diffusion, mais plutôt la capacité du Mouv’ à pouvoir s’inscrire dans une stratégie de distribution numérique plus large ? », relève Bruno Laforestrie, qui ajoute d’emblée : « si la radio numérique terrestre [RNT], comme il en est question, est amenée à être développée, Mouv’ y participera. »

Le Wake-Up Mix (08/12/2016) : Spécial Nicki Minaj
Durée : 13:20

Le directeur de la radio s’interroge sur la façon dont les contenus du Mouv’ pourraient être diffusés, à l’avenir, sur des plateformes. « Aujourd’hui, on ne peut pas publier tout ce qu’on produit sur Facebook, Youtube, et Twitter. Il est temps de réfléchir à la part des contenus premium ou non qui pourraient être distribués sur l’ensemble du service public », argumente-t’il, révélant au passage des discussions avancées avec France Télévisions sur ce sujet.

Une collaboration avec France Info et son site dédié à la culture, Culturebox (en constante évolution) pourrait être ainsi envisagée. Sur ce point, Bruno Laforestrie demeure vague : « Des discussions sont en cours. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’on y va fort de nos résultats. »

Comme lors de la première édition, « Hip-Hop Symphonique » sera à retrouver plus tard dans sa version filmée sur France 2 et France 4… comme un exemple de collaboration avec les autres acteurs du service public.