Le suicide en direct, mercredi 29 novembre, d’un accusé croate de Bosnie, Slobodan Praljak, au moment de l’énoncé de son verdict devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye, n’est pas le premier incident du genre. Une série de coups de théâtre est survenue depuis la création, en 1993, du TPIY, chargé de juger les responsables des crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie, et qui fermera ses portes en décembre. Retour sur les précédents incidents.

Le 29 juin 1998, l’ancien maire de Vukovar, le Serbe Slavko Dokmanovic, 48 ans, est retrouvé pendu dans sa cellule au centre de détention des Nations unies à Scheveningen, un quartier de La Haye, aux Pays-Bas. Son suicide intervient alors que le TPIY s’apprêtait à rendre son jugement en première instance, un an après la comparution initiale de l’accusé. M. Dokmanovic avait plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation, dont cinq pour crimes contre l’humanité. Le 15 juillet 1998, le TPIY met un terme à la procédure.

Le 5 mars 2006, l’ex-chef des Serbes de Croatie, Milan Babic, 50 ans, se suicide dans sa cellule au centre de détention du TPIY. Après s’être rendu volontairement au tribunal, il est condamné à treize ans de prison en 2004 pour crimes contre l’humanité. Artisan de la « ligne dure » du nationalisme serbe en Croatie, il avait reconnu sa responsabilité dans les crimes commis et exprimé ses remords. « Des gens innocents ont été expulsés de chez eux. Des gens innocents ont été tués. Je dois maintenant vivre avec mes remords et ma douleur pour le reste de ma vie », avait-il dit.

Le 11 mars 2006, l’ancien président serbe Slobodan Milosevic est retrouvé mort à 64 ans dans sa cellule à La Haye, où il était jugé depuis plus de quatre ans pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide. Des médicaments non prescrits ayant été découverts à plusieurs reprises dans sa cellule, ses partisans ont crié au meurtre, et ses opposants au suicide. Une autopsie a conclu à un arrêt cardiaque. M. Milosevic était atteint de troubles cardio-vasculaires. Sa santé avait provoqué de très nombreuses suspensions d’audience. Aucun jugement n’a été rendu, sa mort ayant entraîné l’arrêt du procès.

Le 22 novembre 2017, le « Boucher des Balkans » Ratko Mladic, 74 ans, est condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité et génocide. L’ancien chef des forces serbes de Bosnie, et principal responsable des crimes commis pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine, s’emporte violemment lors du prononcé du jugement. « Mensonge, vous êtes des menteurs », hurle-t-il, avant d’être expulsé par ses trois gardiens à la demande du juge du TPIY.

Le 29 novembre 2017 : Dans une ultime mise en scène, le Croate de Bosnie Slobodan Praljak, 72 ans, se suicide en direct au moment de l’énoncé de sa condamnation devant le TPIY. Il sort une fiole de sa poche et avale son contenu. Son avocat prononce immédiatement le mot « poison », et l’audience est suspendue. Slobodan Praljak est mort quelques heures plus tard à l’hôpital. Personne ne sait encore comment il a pu se trouver dans l’enceinte du tribunal en possession de cette fiole, le porte-parole du tribunal ayant refusé de « communiquer là-dessus ».