En 2015, à Paris. / KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Les craintes des salariés étaient fondées. Gemalto a dévoilé, jeudi 30 novembre, un plan portant sur la suppression de 10 % des effectifs en France, soit 288 postes des 2 800 emplois hexagonaux. Si la société spécialisée dans les cartes à puces dit privilégier les départs volontaires, elle envisage de recourir à 262 licenciements. L’annonce a surpris les syndicats, dans la mesure où elle n’était pas à l’ordre du jour du comité d’entreprise. Une prochaine réunion est prévue le 12 décembre.

Trois sites seront concernés. Gemenos et La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, et Meudon, dans les Hauts-de-Seine, qui fait office de siège social. Chaque implantation emploie entre 750 et 950 personnes dans le support, la production, la recherche et développement, les forces de ventes, le marketing, les produits bancaires. Mais les suppressions porteront surtout sur les activités télécoms, où le groupe prévoit 139 des 262 licenciements. « C’est paradoxal, car il n’y a jamais eu autant de demandes de cartes SIM en volumes », se désole un représentant du personnel.

Retournement du marché

Si les commandes battent leur plein, les prix, eux, sont en chute libre. En effet, Gemalto subit de plein fouet le retournement du marché, où des eSIM intégrées dans les smartphones viennent peu à peu remplacer les cartes traditionnelles. Au troisième trimestre, les ventes de SIM de l’ancien joyau technologique du CAC40 ont dégringolé de 12 %. Elles représentaient, il y a encore quelques années, la moitié des revenus.

Gemalto, qui a lancé quatre avertissements sur résultats en un an et qui a changé de PDG, avait engagé un plan d’économie de 50 millions d’euros. Jusque-là, la société avait procédé à des coupes à l’étranger, fermant un site de 160 personnes, à Shanghaï, en Chine, un autre de 200 personnes, à Jacksonville, aux Etats-Unis, et menant un plan social sur 39 postes dans sa filiale Netsize, en France. En tout, 590 postes avaient été supprimés. Mais le montant des économies réalisées atteignaient 15 millions d’euros. Il restait 35 millions d’euros à trouver.

Les représentants du personnel attendaient donc des économies en France. D’autant que, depuis la création du groupe en 2006, né de la fusion de Gemplus et d’Axalto, des doublons en France perduraient, alors que Gemalto possède également des sites identiques à l’étranger, où la main-d’œuvre est moins chère. Lors du comité d’entreprise de jeudi, les dirigeants du groupe n’ont, en outre, pas exclu de nouvelles répercussions ailleurs.

Pour 2017, Gemalto table sur un bénéfice compris entre 293 millions et 323 millions d’euros, en baisse de 28 % à 35 % sur 2017. Outre les cartes SIM, Gemalto connaît également des difficultés dans les cartes bancaires. Après s’être massivement équipés, les Etats-Unis, qui étaient en retard dans les cartes dotées d’une puce, ont mis un coup d’arrêt à leurs commandes. En Bourse, le titre a perdu 42,3 % depuis le début de l’année.