Quelques heures avant l’arrivée du premier ministre, Edouard Philippe, qui vient prendre le pouls de l’archipel à moins d’un an d’un référendum historique sur l’indépendance, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a mis un terme, vendredi 1er décembre, à trois mois de blocage politique.

Après plusieurs jours de négociations, indépendantistes et non-indépendantistes ont réussi à s’entendre pour élire un chef de l’exécutif, le président sortant Philippe Germain (Calédonie ensemble, droite modérée). Jusqu’à présent, les rivalités au sein de la droite, pourtant majoritaire, paralysaient le gouvernement de cet archipel très autonome, qui depuis le 31 août, était cantonné à l’expédition des affaires courantes.

Un fonctionnement « collégial, solidaire et consensuel »

« C’est un message important qui est adressé aux Calédoniens à quelques mois du référendum », a déclaré à la presse M. Germain, précisant que le gouvernement « allait reprendre le chemin des réformes et envoyer des signaux positifs pour la confiance économique et sociale ».

Dans une déclaration commune lue solennellement devant la presse, les élus ont exprimé leur « volonté partagée d’ouvrir un dialogue approfondi entre les formations indépendantistes et non indépendantistes afin de préparer l’échéance du référendum et son lendemain ». « Les membres du gouvernement s’engagent à assurer un fonctionnement collégial, solidaire et consensuel conforme à la lettre et à l’esprit de l’accord de Nouméa [signé en 1998] », ont-ils ajouté.

Ils ont placé cette déclaration sous le signe de « la responsabilité » et de la « dynamique » insufflée par le comité des signataires de l’accord de Nouméa, le 2 novembre à Matignon, au cours duquel un consensus avait été trouvé sur le corps électoral référendaire. Edouard Philippe, qui s’est personnellement impliqué dans ce dossier sensible, doit rencontrer le gouvernement dès son arrivée samedi.

Un territoire au statut à part

Les Calédoniens doivent se prononcer d’ici à novembre 2018 sur l’accession de leur archipel à la pleine souveraineté, au terme d’un long processus de décolonisation par étapes. Territoire français situé à quelque 17 000 km de Paris, la Nouvelle-Calédonie a un statut unique au sein de l’Etat français. D’abord territoire d’outre-mer sous la IVe République, elle a connu une grande diversité de statuts juridiques jusqu’à la période d’insurrection quasi généralisée dite « des événements », close en 1988 par la signature des accords de Matignon. Ni DOM ni TOM, elle jouit depuis d’une large autonomie, renforcée en 1998 par l’accord de Nouméa, traduit dans les articles 76 et 77 de la Constitution française.

Outre l’organisation d’un référendum, l’accord prévoit un renforcement de l’autonomie grâce au transfert progressif des compétences de l’Etat à l’île, hormis les compétences régaliennes (la justice, l’ordre public, la défense, la monnaie et les affaires étrangères). C’est lors du référendum que se décidera le transfert éventuel de ces dernières compétences.