Avec « La Llorona », sorti en 1997, la chanteuse inventait un folk inspiré des ballades mexicaines et tziganes, du blues et du jazz. / Filippa Lidholm

En 1997, sortait La Llorona, premier album de Lhasa de Sela, dite Lhasa, chanteuse américano-mexicaine à la voix blessée. Le 1er janvier 2010, l’artiste, âgée de 37 ans, mourait d’un cancer du sein. Vingt ans après la sortie de ce premier opus – qui inventait un folk à la croisée des ballades mexicaines et tziganes, du blues et du jazz –, Lhasa est de nouveau célébrée, avec notamment l’édition d’un inédit, Live in Reykjavik, enregistré dans la capitale islandaise lors de ses deux derniers concerts, en mai 2009. Ce live figure dans un coffret qui renferme les trois albums de la chanteuse (La Llorona, The Living Road et Lhasa). Sort également l’édition vinyle de La Llorona, qui n’existait qu’en CD. Derrière cet hommage, le label Tôt ou Tard (Vianney, Vincent Delerm, Shaka Ponk…), la maison de disques de Lhasa en France.

Présent lors d’un concert d’adieu donné en 2010 par les proches de l’artiste, Vincent Frèrebeau, le patron de Tôt ou Tard, a accepté de participer à la production de « La Route chante », un concert hommage, le 3 décembre, à la Philharmonie de Paris, dans le cadre du festival Aurores Montréal. Sur la scène de la salle parisienne, puis, le 16 décembre, sur celle du Metropolis de Montréal, se retrouveront ainsi des musiciens venus du Canada (Patrick Watson, Safia Nolin, Plants and Animals…), de France (Arthur H., Jeanne Added, Camélia Jordana, Raphaële Lannadère…), mais aussi d’Espagne (Luz Casal), du Brésil (Dom La Nena), d’Algérie (Souad Massi), du Cameroun (Sandra Nkaké) ou de Tunisie (l’oudiste Anouar Brahem) pour interpréter l’intégralité de La Llorona et une sélection d’autres titres de Lhasa, chantés en espagnol, français et anglais.

Métissages musicaux

Un casting rutilant, réuni par Elodie Mermoz, cofondatrice d’Aurores Montréal et directrice artistique de l’événement. « Lhasa incarne une citoyenne du monde, souligne-t-elle. Ses origines – mexicaine, américaine, russe, polonaise, libanaise –, son enfance passée à sillonner le monde dans la caravane de ses parents, hippies et artistes, ont ouvert son esprit et conditionné ses métissages musicaux. » Des artistes comme Jeanne Added ou Raphaële Lannadère n’avaient jamais rencontré la chanteuse, mais ont voulu montrer à quel point sa voix hantée les avait marquées.

« La Confession » (2003)

Lhasa - La Confession - TV5 Acoustic - 02.04.2004
Durée : 03:28

Les intimes sont aussi de la partie. Producteur, compositeur et interprète des morceaux de La Llorona, le Québécois Yves Desrosiers avait découvert la jeune femme au début des années 1990. Avec certains des musiciens présents dans ce premier album, il accompagnera les invités de ce concert-hommage. « A une époque où dominait le grunge, de nombreux programmateurs ne savaient que faire de ce doux mélange de styles, se souvient le Canadien. Mais dès qu’ils voyaient Lhasa sur scène, ils étaient bouleversés par sa densité émotionnelle et son magnétisme. »

Autre proche, Arthur H sera également présent. Le chanteur était devenu ami de Lhasa, après le premier concert parisien de cette dernière, au Bataclan. « A ses côtés, on avait l’impression que le temps se dilatait. Sous son aura, on entrait facilement dans le rêve et la création », ajoute-t-il. Pour lui rendre hommage, Arthur H interprétera La Marée haute, un des premiers morceaux écrits en français par la chanteuse, et une nouvelle chanson, Sous les étoiles de Lhasa, composée en souvenir de leurs destins croisés, qui figurera aussi dans son prochain album.