Le président américain, Donald Trump, a partagé trois vidéos islamophobes sur Twitter. / EVAN VUCCI / AP

Twitter a tenté de s’expliquer jeudi 30 novembre sur son absence de réaction après le partage la veille, par Donald Trump, de trois vidéos islamophobes et violentes. Ces tweets semblent pourtant entrer directement en contradiction avec les règles de Twitter, qui écrit explicitement : « Vous ne devez pas menacer d’autres personnes, ni les harceler ni inciter à la violence envers elles sur la base des critères suivants : race, origine ethnique, nationalité, orientation sexuelle, sexe, identité sexuelle, appartenance religieuse, âge, handicap ou maladie grave. »

Et pourtant, les trois messages en question – publiés initialement par Jayda Fransen, une politicienne britannique d’extrême droite, avant d’être partagés par le président américain – sont toujours en ligne. Dans un communiqué transmis à plusieurs médias, Twitter avance une tentative d’explication :

« Afin de s’assurer que les gens puissent avoir l’opportunité de connaître tous les aspects d’un problème, nous pouvons autoriser en de rares occasions des contenus ou des comportements controversés qui pourraient dans d’autres cas violer nos règles, car nous pensons que les laisser accessibles est dans l’intérêt légitime du public. »

Le communiqué ajoute que « chaque situation est examinée au cas par cas et une équipe prend la décision finale ».

Modification des règles

La vidéo est toutefois considérée par Twitter comme du « contenu sensible », ce qui signifie qu’elle ne s’affiche pas directement à l’écran de la plupart des utilisateurs, qui doivent effectuer un clic supplémentaire pour y accéder – une fonction de « protection » qu’il est possible de désactiver.

Ce n’est pas la première fois que les tweets de Donald Trump mettent en difficulté Twitter. Beaucoup d’internautes ont interpellé le réseau social ces derniers mois, lui reprochant de laisser passer des messages qui, selon eux, relevaient de l’incitation à la haine ou du harcèlement.

Pendant des mois, Twitter a martelé que son règlement était le même pour tout le monde, et que le président des Etats-Unis ne bénéficiait pas d’un traitement exceptionnel. Mais l’entreprise a fait évoluer sa position en septembre, après un tweet de Donald Trump menaçant à l’égard de la Corée du Nord. « Je viens d’apprendre que le ministre des affaires étrangères nord-coréen allait parler à l’ONU. S’il répète ce que pense le petit rocket man, ils ne vont pas durer longtemps ! », avait écrit Donald Trump, contrevenant aux règles de Twitter qui interdit « les menaces violentes ». Un épisode qui avait poussé Twitter à modifier son règlement : le réseau social avait alors intégré la notion d’« intérêt légitime du public » dans les facteurs pris en compte dans la décision de supprimer ou non un tweet.

Cette nouvelle polémique est d’autant plus embarrassante pour Twitter que le réseau social a annoncé récemment un renforcement de ses règles et de leur application concernant les messages de haine.