Benoit Hamon au Mans, le 2 décembre / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

La salle principale du Palais des Congrès du Mans est décidément trop petite. Ses 1 400 places ne sont pas suffisantes pour accueillir l’ensemble des sympathisants de l’ancien Mouvement du 1er juillet, rebaptisé aujourd’hui Génération.s. Un nouveau nom pour relancer l’initiative mise en place il y a cinq mois par Benoît Hamon.

M. Hamon a affiché certains de ses soutiens, des fidèles venus du PS (entre autres, Pascal Cherki, Guillaume Balas, Carine Petit, Isabelle Thomas) mais aussi les écologistes Noël Mamère, Cécile Duflot et Yves Contassot, compagnons de route de M. Hamon. « Je ne suis pas venu pour être un idiot utile. Je suis là car nous voulons reconstruire la gauche et l’écologie. Nos destins sont liés », a ainsi résumé M. Mamère recevant un très bon accueil de la salle bondée.

Benoît Hamon affiche des ambitions hautes : « Occuper une place centrale dans le paysage politique français et devenir la première force de progrès en France. » « On va fissurer les institutions de la Ve République » a-t-il poursuivi avant de citer Victor Hugo et de continuer, à sa manière, l’un de ses poèmes : « Nous allons faire souffler le vent, faire vaciller la citadelle néolibérale et ses certitudes. »

Armes idéologiques

Pour M. Hamon, les graines de son succès futur ont été semées lors de la campagne présidentielle, malgré le score calamiteux de 6,36 % des suffrages. Revenu universel, lutte environnementale, laïcité, réflexion sur la robotisation, politique d’accueil des migrants, libertés publiques… sont autant de marqueurs que M. Hamon considère comme des armes idéologiques contre le néolibéralisme et le nationalisme.

Au-delà du pari réussi de la participation, chaque parti de gauche a envoyé une délégation au Mans, du Parti socialiste (PS) à La France insoumise (LFI) en passant par Europe Ecologie Les Verts (EELV) et le Parti communiste (PCF) à qui il faut ajouter plusieurs formations plus petites, offrant une forme de reconnaissance au jeune mouvement.

L’on pouvait ainsi croiser dans les couloirs du Palais des Congrès Sandra Regol, porte-parole d’EELV ; Luc Carvounas, candidat à la tête du PS ; Manuel Bompard, l’homme fort de LFI ; Sébastien Jumel, député PCF de Seine-Maritime ou encore Jean-Luc Laurent, président du Mouvement républicain et citoyen.

Durant toute cette journée de « fondations » (ce n’est ni une convention, ni un congrès) les militants devront esquisser ce que doit être Génération. s, un mouvement qu’ils veulent « horizontal, solidaire, écologiste, de gauche » selon les 28422 réponses au questionnaire lancé fin octobre. Plusieurs ateliers sont aussi prévus tout au long de l’après-midi. Ils évoqueront la domination des hommes sur les femmes, le bouleversement climatique ou encore la stratégie pour changer l’Union européenne. Une charte du mouvement doit également être dévoilée tout comme les instances de direction.

La question du positionnement

Reste à savoir comment va se positionner « Génération. s le mouvement » (son nom complet) dans le grand chambardement de la gauche française. Les adhérents sont favorables aux alliances à gauche, mais avec qui ? Si la proximité avec EELV est évidente, ces derniers veulent tenter seuls leur chance lors des élections européennes de 2019. Les relations se réchauffent avec les « insoumis » mais la question de l’Europe et de la souveraineté semblent un fossé pour l’instant infranchissable. Le PCF hésite encore quant à sa stratégie, et ne doit le trancher que dans un an, lors de son congrès de novembre 2018. Quant au PS, tout dépend de qui sera premier secrétaire début 2018. Luc Carvounas entretient de bonnes relations avec M. Hamon et ses amis. Mais la relation des « hamonistes » avec leur ancien parti reste complexe. Nombreux sont ceux qui ont quitté la rue de Solférino pour se lancer dans l’aventure de M. Hamon. Ce qui laisse certains caciques socialistes très amers.

Le nouveau nom du mouvement de Benoît Hamon n’aide pas à dissiper le flou autour de ces questions. Génération. s ne peut que faire penser aux deux livres écrits par Hervé Hamon et Patrick Rotman, en 1988 aux éditions du Seuil. Dans leur œuvre éponyme, les deux auteurs y retraçaient l’itinéraire politique des figures de Mai-68. Les deux tomes s’intitulaient ainsi : Les années de rêve et Les années de poudre. On ne sait pas lequel est le préféré de Benoît Hamon.