Le sénateur indépendant Bernie Sanders, dépité, à l’issue du vote de la réforme fiscale au Sénat américain. / ALEX WONG / AFP

L’adoption, vendredi 1er décembre, par le Sénat américain d’une ambitieuse réforme des impôts constitue une victoire majeure pour le président Donald Trump. Mais ce texte, adopté à une courte majorité (51 voix contre 49) par les seuls sénateurs républicains, sans l’aide de l’opposition démocrate, a suscité de vives réactions dans l’opposition démocrate.

Trump et ses partisans saluent une « refonte majeure » et des « réductions d’impôts massives »

Le président républicain du Sénat Mitch McConnell n’a pas hésité à souligner la dimension historique de la réforme fiscale de Donald Trump, anticipant les effets à long terme sur la croissance d’un texte qui allège fortement la contribution fiscale des entreprises :

« Pour la première fois depuis 1986, la Chambre et le Sénat ont adopté une refonte majeure de la fiscalité (…) Une occasion comme celle-ci ne se présente qu’une fois par génération, à nous de la saisir. »
« Nous avons désormais l’occasion de rendre l’Amérique plus compétitive, d’éviter que des emplois ne soient délocalisés et d’apporter une aide substantielle aux classes moyennes. »

L’implication de M. McConnell au Sénat a été saluée par Donald Trump lui-même, immédiatement après le vote. « Nous avons franchi une étape supplémentaire dans l’octroi de des réductions d’impôts MASSIVES aux familles de travailleurs dans toute l’Amérique », a écrit le président américain sur Twitter.

La réforme fiscale doit encore être adoptée par la Chambre des représentants, ce qui ne devrait pas être aussi difficile en raison d’une large majorité républicaine. M. Trump a exprimé sa volonté de promulguer la réforme avant la fin de l’année. « Hâte de signer un projet de loi définitif avant Noël ! »

Pour les opposants, le Sénat a « pillé le Trésor » et « trahi la classe moyenne »

Réduits à l’impuissance par leur position minoritaire au Sénat, les démocrates ont dénoncé le vote survenu dans la nuit de vendredi à samedi, à la fois sur le contenu de la réforme fiscale et sur la méthode employée.

Sur le fond, les démocrates ont dénoncé un texte qui « arnaque » la classe moyenne car il va profiter en premier lieu aux entreprises et aux contribuables les plus fortunés, premiers bénéficiaires des très larges réductions d’impôts sur le revenu et sur les sociétés. « Au cœur de la nuit, les sénateurs républicains ont trahi la classe moyenne américaine », a dénoncé Nancy Pelosi, chef des démocrates de la Chambre des représentants, l’autre chambre du Congrès américain. Dans un communiqué, elle déplore « la hâte, la négligence et la cruauté » qui ont conduit les Républicains à produire cette « escroquerie fiscale ».

Le sénateur indépendant et ancien candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders, a fustigé la dérive budgétaire liée à ces baisses d’impôt, qui vont creuser davantage le déficit public américain.

« Les historiens se remémoreront le 1er décembre 2017 et concluront que c’était l’un des grands braquages de l’histoire des États-Unis parce que les républicains pillent le Trésor. »

L’ancien candidat à l’investiture démocrate a aussi souligné l’incongruité d’octroyer « des réductions d’impôt de 1 500 milliards de dollars pour les très riches, alors que 41 millions d’Américains vivent dans la pauvreté ».

Les sénateurs de l’opposition ont aussi déploré les conditions dans lesquelles le débat s’est achevé, dans la nuit, avec l’introduction in extremis d’amendements qu’ils jugent mal rédigés et susceptibles d’être manipulés plus tard par les juristes et les conseillers fiscaux spécialistes de l’optimisation. « Les républicains ont réussi à prendre un mauvais projet de loi et à le rendre encore pire », a réagi le chef de file de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.