Aux Bahamas, Tiger Woods a fait son grand retour à la compétition. Pour la septième fois depuis 2008. / Mike Ehrmann / AFP

Ce week-end aux Bahamas, lors du tournoi de golf Hero World Challenge, le numéro 3 mondial Justin Thomas a dû répondre à beaucoup, beaucoup de questions à propos du 1 199e joueur mondial. Compréhensible, lorsque l’on sait que ce joueur s’appelle Tiger Woods, qu’il a gagné 14 tournois majeurs en vingt ans de carrière, que sa fondation organise le tournoi et qu’il y réalise, une fois encore, son grand retour à la compétition.

Miné par les blessures depuis plusieurs années, abonné aux pages des faits divers, celui qui a régné sur le golf mondial tente désormais, à 41 ans, de faire son come-back après dix mois sans compétition. Pas le premier : depuis sa dernière victoire majeure en 2008, Woods a tenté à sept reprises de retrouver le haut niveau, après de longues périodes d’absences dues aux blessures (genou, dos) ou aux très médiatiques révélations sur son infidélité.

Trois opérations en trois ans

Ces dernières années, c’est surtout le dos du champion qui l’a fait souffrir, atrocement. Au point de le clouer au lit pendant de longues semaines, et de le forcer à passer sur le billard à trois reprises depuis avril 2014. Pour son nouveau retour à la compétition, le recordman du nombre de semaines passées à la première place mondiale (683) s’est confié sur le calvaire enduré depuis trois ans : « J’étais physiquement incapable de faire quelque chose d’aussi simple que d’aller aux toilettes », a-t-il expliqué aux nombreux journalistes présents pour suivre son come-back.

« Ce qui est vraiment plaisant pour moi maintenant, c’est de pouvoir sortir du lit, attraper un club et ne pas avoir à m’en servir comme d’une béquille. Simplement être capable de swinguer, c’est incroyablement excitant. »

Sur ce tournoi, qui n’est pas reconnu officiellement mais apporte quand même des points au classement mondial, Tiger Woods était aussi en quête de rédemption. Si l’on a vu l’ancien numéro 1 mondial en une des journaux il y a dix jours, jouant au golf avec Donald Trump, ses précédentes apparitions médiatiques ont été moins apaisées. En mai, il était retrouvé endormi au volant de sa voiture, moteur allumé, près de son domicile en Floride. Arrêté, il a plaidé coupable pour conduite dangereuse, sous l’influence d’un cocktail de plusieurs antidouleurs et de cannabis.

Accro aux médicaments, qu’il gobait comme des bonbons pour calmer les douleurs de sa hernie, Tiger Woods a accepté d’assister à un programme de sensibilisation à la conduite sous l’influence de stupéfiants. Il doit aussi effectuer 50 heures de travaux d’intérêt général. Tout sourire désormais, l’organisateur du tournoi a assuré en conférence de presse que cette période était derrière lui : « Maintenant que je me sens bien, c’est dur d’imaginer que je vivais comme ça. J’adore la vie désormais. » Motivé par l’envie de montrer à la jeune génération et à ses enfants de quoi il est encore capable, l’ancien numéro 1 mondial a repris le chemin des parcours, avec un entraînement intense et un swing modifié pour moins faire souffrir ses lombaires.

« Je me sens bien »

Après 300 jours sans compétition, Tiger Woods a terminé 9e de son tournoi de reprise / Kyle Terada / USA TODAY Sports

Pour l’heure, le Tigre explique se sentir mieux depuis sa dernière intervention chirurgicale, plus invasive que celles qu’il avait subies ces dernières années. Les observateurs l’ont trouvé relâché sur le green et l’on a même pu revoir, sur certains trous, l’esprit de compétition féroce qui a longtemps animé le premier sportif professionnel milliardaire.

Arrivé sans ambition au classement, l’organisateur du tournoi a démarré par un très bon premier jour, passé en compagnie de Justin Thomas, 24 ans, numéro 3 mondial et fan inconditionnel depuis son plus jeune âge (il avait quatre ans quand Woods a remporté son premier Masters).

Il a confirmé le lendemain, avant de connaître samedi une journée plus difficile terminée avec une carte de 75 (trois coups au-dessus du par) qui l’a fait chuter au classement. Sans pour autant entamer son plaisir d’être de retour en forme : « Je me sens bien. C’est agréable d’être de nouveau dans la bataille. Se battre contre le parcours, contre les autres gars… je n’avais pas vraiment fait ça souvent ces dernières années. » Il a conclu ce tournoi par une très bonne carte de 68 ce dimanche. Finalement 9e du World Hero Challenge - remporté par Rickie Fowler - Woods a savouré son come-back.

Jack Nicklaus, recordman du nombre de victoires en grand chelem (18), avait remporté son dernier majeur à 46 ans. Interrogé avant le tournoi sur la possibilité de rattraper Nicklaus, le Tigre avait répondu qu’il en était tout à fait capable. Reste à voir si le dos de l’ancien numéro 1 mondial supportera l’enchaînement des compétitions.