Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. / Bebeto Matthews / AP

« Nos décisions sur les politiques d’immigration doivent toujours être prises par les Américains et les seuls Américains. » C’est ainsi que l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies a justifié samedi 2 décembre son retrait du Pacte mondial pour la gestion des migrants et réfugiés. Depuis un an, ce principe de « l’Amérique d’abord » a déjà conduit le président américain Donald Trump à se retirer de plusieurs accords internationaux majeurs ou à les critiquer dans de nombreux domaines.

Les missions de l’ONU

  • Critique générale des Nations unies. M. Trump demande une réforme de l’ONU dont il dénonce « la bureaucratie » et la « mauvaise gestion » alors que Washington est le premier contributeur financier de l’organisation. Jeudi, l’ambassadrice américaine Nikki Haley a souligné que Washington poursuivrait l’évaluation de son « niveau d’engagement » au sein de « toutes les agences du système des Nations unies ».
  • Retrait du Pacte sur les migrants. En septembre 2016, les 193 membres de l’Assemblée générale de l’ONU avaient adopté à l’unanimité un texte appelé Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants qui vise à améliorer à l’avenir leur gestion internationale (accueil, aide aux retours…). Il devait servir de base pour créer un Pacte mondial sur les migrants et réfugiés en 2018. La mission américaine auprès de l’ONU a annoncé samedi que les Etats-Unis mettaient fin à leur participation à ce pacte mondial sur la migration car la déclaration adoptée « comprend plusieurs dispositions qui sont incompatibles avec les politiques américaines d’immigration et de réfugiés et les principes édictés par l’administration Trump en matière d’immigration ».
  • Retrait de l’Unesco. Les Etats-Unis ont annoncé le 12 octobre qu’ils se retiraient de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), accusant l’institution d’être « anti-israélienne ». Les Etats-Unis conserveront un statut d’observateur jusqu’à leur retrait effectif à la fin 2018.

Le réchauffement climatique

  • Retrait de l’Accord de Paris. Le 1er juin, le président américain a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, conclu par 195 pays en 2015, et son intention de chercher « un nouvel accord » mondial sur le changement climatique, considérant que celui-ci était « très injuste » pour son pays puisqu’il permettrait, selon lui, aux autres nations de prendre un avantage sur l’industrie américaine. Le retrait effectif n’interviendra pas avant novembre 2020.

La défense et la paix

  • Recul sur le nucléaire iranien. Donald Trump s’était engagé à « déchirer » l’accord sur le nucléaire signé en juillet 2015 entre l’Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). Vendredi, il a finalement seulement refusé de « certifier » le fait que Téhéran respecte ses engagements, en dépit des assurances en ce sens de l’Agence internationale de l’énergie atomique, et a laissé le Congrès décider de l’avenir de ce texte.

  • Critique de l’Otan. Donald Trump avait qualifié l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) d’« obsolète », avant de revenir sur ses déclarations, et demandé aux pays de l’Alliance d’augmenter leurs budgets militaires. En mai, il n’avait pas explicitement apporté son soutien à l’« article 5 », qui prévoit que les alliés volent au secours d’un des leurs en cas d’agression extérieure.

Les échanges commerciaux

  • Retrait du partenariat transpacifique. Dès sa prise de fonctions le 20 janvier, Donald Trump a retiré Washington du partenariat transpacifique (TPP), signé en 2015 avec onze pays de la région Asie-Pacifique (mais pas la Chine) représentant 40 % de l’économie mondiale. A la place, le président américain veut négocier des traités « bilatéraux » afin de « ramener les emplois et l’industrie sur le sol américain ».
  • Renégociation de l’Alena avec le Canada et le Mexique. Le président américain a lancé des nouvelles négociations sur l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena ou Nafta en anglais), une vaste zone de libre-échange qui unit depuis 1994 les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Donald Trump affirme qu’il a contribué à délocaliser au Mexique des millions d’emplois industriels américains. Il est plus conciliant avec le Canada, le premier client des Etats-Unis et leur premier fournisseur de pétrole. Si les négociations sur une version « améliorée » de l’accord n’aboutissent pas à la fin 2017, Washington quittera l’Alena et négociera des accords bilatéraux avec ses deux voisins.
  • Critique du libre-échange transatlantique. Le président américain dénonce régulièrement les mesures « protectionnistes » de l’Union européenne et le déficit commercial des Etats-Unis avec l’Allemagne, visée comme l’Italie par des enquêtes sur un dumping présumé dans les importations d’acier. Les négociations sur l’accord de libre-échange transatlantique entre l’UE et les Etats-Unis (TTIP), lancées en 2013, sont pour leur part bloquées face à la réprobation croissante de la société civile et de certains pays européens.
  • Dénonciation de l’OMC. L’Organisation mondiale du Commerce est dans le collimateur de l’administration Trump. Lors de la réunion du G20, début juillet à Hambourg (Allemagne), le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin n’avait pas exclu de renégocier les accords commerciaux multilatéraux qu’elle est censée appliquer. Les règlements de l’OMC pourraient notamment empêcher les Etats-Unis d’appliquer leur projet de « Border Adjustement Tax » qui avantagerait leurs exportateurs et pénaliserait les importateurs. Mais il divise l’administration américaine elle-même, Donald Trump le trouvant notamment « trop compliqué ».