Le général Sani Abacha en septembre 1993, quelques semaines avant son coup d’Etat de novembre de la même année. / Stringer

La Suisse a annoncé, lundi soir 4 décembre, qu’elle allait restituer au Nigeria environ 321 millions de dollars (270 millions d’euros) détournés par le dictateur Sani Abacha décédé en 1998. « Conformément à sa politique en matière de restitution de biens patrimoniaux acquis illégalement, la Suisse a passé un accord avec le Nigeria et la Banque mondiale sur la restitution de près de 321 millions de dollars américains au profit du peuple nigérian », a annoncé le gouvernement suisse dans un communiqué.

En mars 2016, Berne et Abuja avaient signé une lettre d’intention visant à la restitution de ces biens détournés. Ces 321 millions de dollars avaient été déposés au Luxembourg puis bloqués par un tribunal à Genève en décembre 2014.

« Les fonds (…) avaient été rapatriés et confisqués par la Suisse dans le cadre d’une procédure pénale menée par le ministère public genevois contre Abba Abacha », le fils du dictateur Sani Abacha qui a dirigé le pays de 1993 à 1998, précise le communiqué.

Acte « effronté de cleptocratie »

« L’accord (…) spécifie que les fonds seront restitués dans le cadre d’un projet soutenu et supervisé par la Banque mondiale », précise le communiqué, ajoutant que « ce projet doit renforcer la sécurité sociale des couches les plus pauvres de la population nigériane ». En passant cet accord, la Suisse affirme vouloir être conforme à sa stratégie de « blocage », de « confiscation » et de « restitution des avoirs de potentats ».

A l’époque de la signature de la lettre d’intention, en 2016, le ministre des affaires étrangères, Didier Burckhalter, avait assuré que « la lutte contre la corruption [était] l’une des priorités de la Suisse ». Sani Abacha, au pouvoir de 1993 à sa mort, en 1998, est accusé d’avoir détourné au total 2,2 milliards de dollars de la Banque centrale nigériane, ce que les Etats-Unis avaient qualifié d’acte « effronté de cleptocratie » en 1994.