Cristina Fernandez de Kirchner, le 29 novembre 2017. / MARCOS BRINDICCI / REUTERS

La justice argentine a ordonné, jeudi 7 décembre, la levée de l’immunité et l’arrestation de l’ancienne présidente et sénatrice Cristina Kirchner, pour entrave à l’enquête sur l’attentat contre une mutuelle juive qui avait fait 85 morts et des centaines de blessés en 1994. Le juge fédéral Carlos Bonadio a également ordonné l’arrestation de l’ex-ministre des affaires étrangères Hector Timerman et de plusieurs autres anciens hauts responsables.

Cristina Kirchner, présidente entre 2007 et 2015, est poursuivie pour « trahison ». La justice lui reproche d’avoir signé un pacte avec Téhéran pour que des hauts fonctionnaires iraniens, soupçonnés d’avoir commandité l’attentat, soient entendus par des magistrats argentins à Téhéran faute de pouvoir l’être à Buenos Aires.

Elue sénatrice en octobre, Mme Kirchner doit prendre ses fonctions le 10 décembre. Pour que le mandat d’arrêt puisse être exécuté, une procédure de levée d’immunité parlementaire sera nécessaire. Cette levée devra être approuvée à la majorité des deux tiers par le Sénat, lequel devra auparavant être convoqué en session extraordinaire par le président Mauricio Macri.

Les magistrats accusent l’Iran

Le 18 juillet 1994, une charge explosive avait soufflé, à Buenos Aires, le bâtiment abritant les institutions juives du pays, dont la mutuelle AMIA (Association mutuelle israélite argentine). L’attentat, le plus grave de l’histoire de l’Argentine, n’a jamais été revendiqué ni élucidé, mais Israël et les magistrats argentins chargés de l’enquête accusent l’Iran.

Le pacte avec l’Iran avait été conclu en 2012 et approuvé par le Parlement argentin, contre l’avis de l’opposition. Mais le Parlement iranien ne l’a jamais adopté et il n’est jamais entré en vigueur. Vingt-trois ans après les faits, aucun procès n’a encore eu lieu.

Entendue par le juge Bonado à la fin d’octobre, Cristina Kirchner avait dénoncé un « grand scandale judiciaire ». « L’objectif de cette persécution est de terroriser les membres de l’opposition », avait-elle alors argué.

L’ancienne présidente est par ailleurs mise en examen dans plusieurs affaires de malversations et de blanchiment d’argent.