Des réfugiés nigériens, rapatriés de Libye dans leur pays, débarquent à l’aéroport international Murtala-Muhammed de Lagos, le 5 décembre 2017. / Sunday Alamba / AP

Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies « condamne » les faits d’esclavage rapportés en Libye et appelle « à transférer les détenus aux autorités de l’Etat », dans une déclaration approuvée par consensus de ses quinze membres, jeudi 7 décembre.

Depuis la fin de la révolte qui a renversé en 2011 le régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est morcelée et sous la coupe de milices rivales, qui détiennent des prisonniers. Les autorités libyennes n’ont que peu d’emprise sur elles.

Ces « atroces violations des droits de la personne », précise la déclaration, « sont aussi susceptibles d’être constitutives de crimes contre l’humanité ». « Le seul moyen d’améliorer les conditions de vie de tous les habitants, y compris les migrants, est de pouvoir compter sur une Libye stable », soulignent aussi les membres du Conseil de sécurité.

Une déclaration rare

Selon plusieurs diplomates, il est rare qu’un texte de l’ONU parle expressément de l’esclavage dans un pays, une notion plutôt mentionnée au milieu de différentes atteintes aux droits humains dénoncées d’une manière globale.

Après les révélations récentes par la chaîne de télévision américaine CNN de vente de migrants noirs comme esclaves en Libye, neuf pays européens et africains appuyés par l’ONU, l’Union européenne et l’Union africaine, ont décidé, à l’initiative de Paris, de mener des « opérations d’évacuation d’urgence » de migrants victimes de trafiquants.

D’après l’ONU, le gouvernement libyen contrôle une trentaine de centres de détention renfermant quelque 15 000 personnes. Le nombre de réfugiés et de migrants « aux mains de trafiquants et de passeurs sous la protection de milices » est toutefois « bien plus grand » en Libye, estime l’institution.

« Les aider à rentrer dans leurs pays »

« Nous sommes ouverts pour travailler avec toutes les organisations régionales et internationales afin de mettre fin à la souffrance des migrants et de les aider à rentrer dans leurs pays », a déclaré de son côté le premier ministre libyen, à Berlin jeudi.

Fayez Al-Sarraj a promis la publication sous peu d’un rapport d’enquête sur les révélations de la chaîne CNN. « Nous exprimons notre refus et notre dénonciation de ces pratiques si elles existent vraiment », a-t-il ajouté.

L’Union africaine a quant à elle exprimé le même jour son intention de rapatrier dans leur pays d’origine 20 000 migrants réfugiés en Libye dans les six prochaines semaines. Un rapatriement qui s’annonce comme un vrai casse-tête.

Un migrant raconte : « En Libye, nous ne sommes que des esclaves »
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