Khalifa Sall, le maire de Dakar, lors de l’édition 2012 du New Cities Summit. / CC 2.0 Skolkovo Foundation

La justice sénégalaise a ordonné, jeudi 7 décembre, le renvoi devant un tribunal correctionnel pour « détournement de fonds publics » du député-maire de Dakar, Khalifa Sall, et de quatre de ses collaborateurs, a indiqué l’un des avocats de cet opposant au président Macky Sall.

« Il y a bien une ordonnance de renvoi » prise par le doyen des juges d’instruction, Samba Sall, « même si elle ne nous a pas encore été officiellement notifiée », a déclaré Me Demba Ciré Bathily à l’AFP, confirmant une information de la presse sénégalaise.

Il appartient à présent au procureur de fixer la date du procès. Selon plusieurs quotidiens, celui-ci pourrait avoir lieu dans le courant du mois de décembre.

Maire de Dakar depuis 2009, Khalifa Sall devra répondre, tout comme quatre de ses collaborateurs, de dépenses « non justifiées » de plus de 2,7 millions d’euros, prélevés pendant plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de la mairie, ce qu’il nie.

L’édile est en détention provisoire depuis le 7 mars, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu député lors des législatives du 30 juillet. L’Assemblée nationale a levé son immunité le 25 novembre, ouvrant la voie à un procès.

Toutes les démarches entreprises depuis des mois par ses avocats pour qu’il soit remis en liberté ont échoué. Jeudi, le doyen des juges d’instruction a refusé le dépôt d’une caution qui lui aurait permis de comparaître libre à son procès, selon son avocat.

« Caisse d’avance »

Me Bathily a précisé que les avocats du maire avaient fait appel de la décision du juge d’instruction. « Nous sommes à la limite de la forfaiture, car [le magistrat] a refusé l’audition de témoins et la réalisation d’expertises », a-t-il expliqué.

Les conseils de Khalifa Sall souhaitaient notamment que ses prédécesseurs à la mairie de Dakar soient entendus et que la manière dont les fonds de la « caisse d’avance » ont été gérés depuis sa création, en 2003, soit examinée par des experts, selon Me Bathily.

La décision de renvoi « confirme le caractère politique du dossier », a-t-il ajouté, dénonçant une « violation délibérée de la loi » par le magistrat instructeur.

Opposant au chef de l’Etat, Macky Sall – avec lequel il n’a pas de lien de parenté –, le maire de Dakar est considéré comme l’un des principaux concurrents pour la présidentielle de 2019, à condition qu’il puisse se présenter.

Ses soutiens estiment qu’il paie pour son statut de dissident du Parti socialiste, une formation membre de la coalition au pouvoir.

Le doyen des juges d’instruction et les avocats de l’Etat sénégalais n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour commenter l’information.