Devant un bureau de vote de Monrovia lors du premier tour de la présidentielle, le 10 octobre 2017. La Cour suprême du Liberia a ouvert la voie, le 7 décembre, à la reprise du processus électoral interrompu depuis un mois. / Abbas Dulleh/AP

La Cour suprême du Liberia a autorisé, jeudi 7 décembre, sous conditions, la tenue du second tour de l’élection présidentielle, rejetant le recours de candidats arrivés derrière l’ex-star du foot George Weah au premier tour, le 10 octobre.

Ce second tour opposera M. Weah, qui avait recueilli 38 % des voix au premier tour, au vice-président sortant, Joseph Boakai (29 %). Les autorités ont promis de fixer rapidement la date du vote. Selon la Constitution, le second tour est théoriquement organisé le deuxième mardi qui suit la proclamation des résultats définitifs du premier tour. Mais, dans sa décision, la Cour suprême ordonne à la Commission électorale nationale (NEC) de réviser sérieusement les listes électorales, très critiquées.

« La NEC est dans l’obligation de débuter l’organisation du second tour », selon l’arrêt lu par l’un des cinq juges, Philip Banks, et adopté par quatre voix contre une. Pour la Cour, les plaignants ne sont pas parvenus à prouver que les irrégularités constatées étaient d’une « ampleur » suffisante pour remettre en cause les résultats.

Par cette décision, la haute juridiction lève la suspension du processus qu’elle avait prononcée le 6 novembre, veille de la date prévue pour le second tour. Elle avait alors enjoint à la NEC de statuer d’abord sur le recours du candidat arrivé en troisième position (avec 9,6 % des voix), Charles Brumskine, auquel s’est joint M. Boakai.

Vote largement crédible

La Commission électorale ayant définitivement rejeté le 24 novembre leur demande d’annulation du vote, MM. Brumskine et Boakai ont saisi le 27 novembre la Cour suprême, comme ils l’avaient annoncé. La NEC a jugé que les plaignants n’avaient pas apporté la « preuve irréfutable » que le vote avait été entaché de fraudes, faisant état d’erreurs matérielles sans conséquence sur le résultat final et corrigées par la suite.

Dans leur recours devant la Cour suprême, les candidats déboutés ont de nouveau dénoncé « des fraudes massives et des irrégularités flagrantes », arguant de « nombreuses erreurs » dans la décision de rejet de la NEC.

Les observateurs internationaux avaient jugé le déroulement du vote largement crédible, malgré des problèmes d’organisation et de longs retards. Le scrutin doit désigner le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue à la tête d’un Etat africain. La présidente sortante, lauréate du prix Nobel de la paix, est au pouvoir depuis douze ans.

L’imbroglio juridico-électoral fait peser des incertitudes sur la première transition démocratique depuis soixante-dix ans dans ce petit Etat anglophone d’Afrique de l’Ouest, qui compte 4,7 millions d’habitants. Ravagé de 1989-2003 par une guerre civile qui a fait quelque 250 000 morts, le Liberia est l’un des pays les plus pauvres au monde.

Le mandat présidentiel débute le troisième lundi ouvré de l’année suivant l’élection. Il reste donc peu de temps pour tenir les délais constitutionnels, a mis en garde à plusieurs reprises ces dernières semaines la communauté internationale.