Après le nord de la Californie, en octobre, c’est au tour du sud de l’Etat d’être touché par des incendies géants et destructeurs. Depuis lundi, de Santa Barbara à San Diego, en passant par Los Angeles, plusieurs feux aggravés par des vents violents ont causé l’évacuation de plus de 200 000 personnes, détruit plus de 500 bâtiments et des dizaines de milliers d’hectares, parfois au cœur des agglomérations.

Le président américain, Donald Trump, a approuvé, vendredi 8 décembre, une déclaration d’urgence permettant de débloquer l’aide fédérale de Washington.

Une maison brûle dans un quartier de Ventura, le 5 décembre. | MARK RALSTON / AFP

Au nord-ouest de Los Angeles, l’incendie le plus étendu, « Thomas », court sur plus de 50 km des montagnes qui dominent la ville de Ventura jusqu’aux limites du comté de Santa Barbara, sur la côte. Plus de 50 000 hectares et 400 bâtiments sont partis en fumée. Les flammes ne sont qu’à quelques centaines de mètres du centre de Ventura (110 000 habitants) et 2 500 pompiers sont à l’œuvre pour contenir leur extension. Très largement en vain, alors que des vents qui ont pu atteindre plus de 80 km/h attisent le brasier.

Plus à l’est, le « Rye fire » a détruit 2 500 hectares autour de l’autoroute 5, principal corridor routier entre Los Angeles et le nord de l’Etat. L’axe a dû être fermé durant plusieurs heures, mardi.

Chevaux galopant

A Los Angeles même, deux incendies ont enfumé la ville durant la semaine. Le plus médiatique, le « Skirball fire », s’est déclaré mercredi à l’aube au-dessus du quartier huppé de Bel-Air, à côté de Beverly Hills. Il a provoqué la fermeture pendant quarante heures de l’autoroute 405, principale voie d’accès vers les banlieues de la San Fernando Valley, paralysant la ville. Il a également menacé les résidences de ses célèbres habitants – du magnat des médias Rupert Murdoch à l’héritière Paris Hilton.

Aux marges nord de la San Fernando Valley, dont les millions d’habitants, cernés par les panaches de fumée, ont passé une partie de la semaine dans une odeur âcre de broussaille flambée, le « Creek fire » a détruit depuis mardi 6 500 hectares et provoqué l’évacuation de 150 000 personnes à lui seul. Ces deux incendies étaient, vendredi, sous contrôle.

Des chevaux paniqués s’enfuient pour échapper au feu dans un centre d’entraînement, près de san Diego, le 7 décembre. | PAUL SISSON / AP

Touché plus tardivement à partir de jeudi, le comté de San Diego est la proie de deux feux dans des zones semi-rurales partagées entre lotissements cossus, centres équestres et golfs. Les images de chevaux, libérés de leurs écuries, galopant sur fond de palmiers en flammes, ont marqué la semaine. Nombre d’entre eux n’ont pas réchappé au désastre.

Les vents de Santa Ana

Largement pointés du doigt pour leur responsabilité dans cette épidémie, les vents de Santa Ana qui touchent habituellement la région à l’automne. Chauds, secs, puissants, ils peuvent transformer le moindre feu de broussailles en brasier incontrôlable en quelques minutes.

Cette année, ils sont venus conclure un automne qui a battu des records de chaleur et de sécheresse : fin octobre, Los Angeles a frôlé les 40 °C lors d’un épisode de canicule exceptionnel ; fin novembre, la ville a fêté son Thanksgiving le plus chaud depuis que les températures y sont mesurées. Or, cette sécheresse s’est abattue sur une végétation luxuriante. En Californie, l’hiver 2016-2017 a battu des records, lui aussi : il a été le plus humide depuis que la pluviométrie est enregistrée dans l’Etat.

La carcasse calcinée d’un voiture accidentée, près de Santa Paula, dans le comté de Ventura, le 5 décembre. | DAVID MCNEW / REUTERS

Voilà pour le climat. Mais ces incendies mettent également en exergue l’urbanisation persistante d’espaces naturels – un phénomène consubstantiel au développement de la Californie du Sud. De Santa Barbara à San Diego, les vents de Santa Ana ne sont pas le seul dénominateur commun des zones dévastées cette semaine. Les flammes ont touché des communautés installées toujours plus loin dans les collines et les canyons, compliquant encore le travail des 8 700 pompiers déployés. Pour l’heure, seule une personne est morte, lors d’un accident de voiture alors qu’elle tentait de fuir l’un des feux.

En octobre, les feux qui avaient touché le nord de l’agglomération de San Francisco, et notamment la région viticole de la Napa Valley, avaient fait plus de 40 morts et détruit plus de 10 000 bâtiments, sur 73 000 hectares.