Gilles Simeoni, tête de liste de la coalition nationaliste, lors de son vote dimanche matin à Bastia. / Olivier Laban-Mattei / Myop pour Le Monde

Les Corses se rendaient aux urnes dimanche 10 décembre, pour élire la nouvelle collectivité territoriale unique qui naîtra le 1er janvier, avec une participation faible à midi, 16,07% des inscrits, au second tour du vote qui devrait, sauf énorme surprise, voir triompher les nationalistes.

Les 538 bureaux de vote ont ouvert à 8 heures et fermeront à 18 heures avec des résultats attendus en soirée. Alors que 111 905 Corses sont inscrits sur les listes, le taux de participation était de 16,07 % dimanche matin, contre 17,52 % à la même heure dimanche 3 décembre pour le premier tour du scrutin, selon un communiqué du ministère de l’intérieur. Le premier tour avait été marqué par une abstention forte de 47,83 %.

A la sortie du bureau de vote où il s’était rendu dimanche matin, l’autonomiste Gilles Simeoni, tête de liste de la coalition nationaliste, espérait « encore plus de participation, peut-être que le premier tour aura eu un effet démobilisateur, j’espère que non ». L’enjeu de la participation était également souligné par Jean-Guy Talamoni, le leader indépendantiste 5ème sur la liste, qui se disait toutefois « tout à fait serein » quant au résultat de l’élection.

Majorité absolue pour les nationalistes

Forte de son score triomphal du premier tour (45,36 % des suffrages exprimés), la liste Pè a Corsica (Pour la Corse) emmenée par Gilles Simeoni est en position de conforter son score, notamment grâce au probable transfert de l’essentiel des 6,69 % des voix obtenues par le petit parti indépendantiste U Rinnovu au premier tour.

Si le Rinnovu a refusé de négocier un rapprochement avec Pè a Corsica et n’a pas donné de consignes de vote, Paul-Felix Benedetti, sa tête de liste, s’est félicité au soir du premier tour que « les nationalistes dans leur globalité aient obtenu la majorité absolue ». Il a également dit qu’à titre personnel, il voterait pour la liste de Pè a Corsica. Pè a Corsica devrait également bénéficier de la prime au vainqueur prévue par ce scrutin à la proportionnelle, soit onze sièges attribués à la liste arrivée en tête au second tour.

Les trois autres listes en course pour ce second tour des territoriales sont arrivées loin derrière au premier tour : celle de la droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni a obtenu 14,97 % des voix devant celle soutenue par Les Républicains emmenée par Valérie Bozzi (12,77 %) et celle du parti présidentiel d’Emmanuel Macron, la République en Marche, emmenée par Jean-Charles Orsucci (11,26 %).

Quid de l’indépendance

Au milieu d’une marée de drapeaux corses et de chants traditionnels, le leader autonomiste Gilles Simeoni a appelé mercredi lors d’un grand meeting à Ajaccio les 234.000 électeurs corses à « amplifier le score » du premier tour : « Nous avons besoin de tout le monde parce que nous avons un pays à construire ».

Si la question de l’indépendance n’est pas à l’ordre du jour, la coalition nationaliste espère bien pouvoir avancer en cas de victoire sur ses trois revendications-clés : amnistie pour les « prisonniers politiques », co-officialité de la langue corse et statut de résident, pour combattre, selon les nationalistes, la spéculation immobilière sur l’Île de Beauté.

« L’indépendantisme est dans l’imaginaire collectif mais la volonté actuelle des Corses est d’avoir davantage d’autonomie », a assuré à l’AFP Thierry Dominici, spécialiste de la Corse à l’Université de Bordeaux.

A cet égard, les « natios », qui visent l’obtention d’un véritable statut d’autonomie dans les trois ans et sa mise en oeuvre effective dans les 10 ans, attendent déjà de pied ferme la réponse de l’Etat. « Le gouvernement travaillera avec l’exécutif qui aura été choisi par les électeurs corses », a sobrement commenté lundi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Le scrutin va donner naissance en janvier à une Collectivité territoriale unique, une première en France métropolitaine, à la place des deux conseils départementaux et de la Collectivité territoriale (région). Ses 63 élus n’auront qu’un mandat de trois ans et demi, jusqu’en 2021, date des prochaines élections régionales.