L’opposant Salvador Nasralla présente à la presse un document, pour attester de la fraude lors des élections du 26 novembre. / ORLANDO SIERRA / AFP

Nouveau développement de la crise politique qui a plongé le Honduras dans le chaos. Dans la nuit de vendredi 9 à samedi 10 décembre, l’Alliance de l’opposition contre la dictature (gauche), menée par Salvador Nasralla, a déposé un recours en annulation de l’élection présidentielle devant le Tribunal suprême électoral (TSE), affirmant qu’il y avait eu « altération [du processus électoral] due à une fraude des procès-verbaux du scrutin ».

« Ils [les magistrats du TSE] savent que ce processus est totalement avorté, c’est un processus avec des fraudes de toutes parts », a déclaré Salvador Nasralla après avoir déposé le recours en compagnie de l’avocat de l’Alliance, Marlon Ochoa.

Marlon Ochoa a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) que « la loi prévoit qu’il est possible de demander la nullité du vote, du scrutin, du dépouillement et de l’enregistrement des votes, nous faisons donc appel à la loi ». Il a averti que le TSE rejettera probablement l’appel, ce qui poussera selon lui l’opposition à poser « un recours devant les instances internationales ».

M.Hernández, un « candidat illégal »

Les premiers résultats partiels du TSE donnaient cinq points d’avance à M. Nasralla, mais après des interruptions intermittentes du système informatique électoral, M. Hernandez, qui vise une réélection controversée, s’est retrouvé en tête avec 1,6 point d’avance.

M. Hernandez, 49 ans, du Parti national (droite), compte 42,98 % des suffrages. Salvador Nasralla, animateur de télévision, 64 ans, est lui crédité de 41,38 % des voix. Le Parti libéral (PL, droite), troisième force politique avec 14 % des voix, a également présenté un recours en nullité pour « violation de la Constitution et de la loi électorale ».

L’avocat de la formation, Octavio Pineda, a qualifié devant la presse M. Hernández de « candidat illégal », la Cour constitutionnelle lui ayant permis de se représenter alors que la réélection est interdite par la Constitution.

14 personnes mortes dans les manifestations

Le report de l’annonce des résultats définitifs a amplifié les allégations de fraude et les tensions. Les partisans de chaque camp ont manifesté ces derniers jours pour revendiquer la victoire, plongeant le pays dans la confusion. Des affrontements ont eu lieu entre l’opposition et la police alors que des pillages et blocages des principales rues de la capitale ont été répertoriés.

Un rapport d’Amnesty International publié au Mexique vendredi indique qu’au moins 14 personnes sont mortes dans les manifestations, bien que les autorités honduriennes n’en aient confirmé que trois : une jeune femme et deux policiers.

Pour faire taire les protestations, le TSE a commencé jeudi soir à recompter 4 573 urnes touchées par les interruptions informatiques, et pour lesquelles il existe des suspicions de fraude. Il espère finir le recomptage lundi. L’opposition, qui n’a pas de représentants dans cette vérification, n’accepte pas ce processus, et exige que les 18 128 urnes soient recomptées.