« Tout parti qui n’a pas participé aujourd’hui et qui a appelé au boycott des élections [municipales] ne peut plus participer [à l’élection présidentielle de 2018] », a déclaré Nicolas Maduro, affirmant qu’il s’agissait là d’un « critère de l’Assemblée nationale constituante », intégralement composée de partisans du chef de l’Etat. Ainsi, le dirigeant vénézuélien, qui briguera un second mandat, punit les principaux partis d’opposition vénézuéliens qui ont boycotté le scrutin municipal dimanche 10 décembre.

Le président s’exprimait à l’issue d’une journée électorale marquée par une participation apparemment faible, avec de nombreux bureaux de vote quasi-déserts, alors que la victoire de son camp semble presque assurée en l’absence des trois principaux partis d’opposition, ceux de Henrique Capriles, Leopoldo Lopez et Henry Ramos Allup.

Les élections municipales sont généralement peu populaires, et en 2013 seuls 42 % des électeurs s’étaient déplacés. Le politologue Luis Salamanca entrevoit ainsi une « victoire quasi-certaine du gouvernement, accompagnée d’une forte abstention ». « Pour la participation, nous sommes en bonne voie », a cependant assuré le ministre de la Communication Jorge Rodriguez, également directeur de campagne du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) au pouvoir.

Des résultats retardés

Après la colère au printemps, avec trois mois de manifestations exigeant le départ du président Maduro et qui ont fait 125 morts, l’heure semble être au découragement dans le pays, face à une crise économique qui provoque de graves pénuries d’aliments et de médicaments, ainsi qu’une inflation galopante, attendue à plus de 2 300 % en 2018 par le FMI.

Près de 20 millions de Vénézuéliens étaient appelés aux urnes pour élire les maires de 335 villes pour quatre ans. Actuellement le PSUV en gouverne 242 et l’opposition 76 seulement, le reste étant aux mains d’indépendants.

Le vote, qui devait se terminer à 16 heures locales (21 heures à Paris), n’était toujours pas clos vers minuit (heure Paris), ce qui pourrait retarder les résultats, initialement attendus entre 3 heures et 5 heures (à Paris) lundi.

L’opposition ne rassemble pas

L’opposition déçoit également. Deux ans après sa victoire historique aux élections législatives, où elle avait remporté pour la première fois depuis 1999 la majorité au Parlement, elle se déchire entre partisans du dialogue et adeptes d’une ligne plus dure.

La coalition, la Table de l’unité démocratique (MUD), peine à se remettre de sa gifle électorale aux régionales d’octobre, largement remportées par le camp présidentiel malgré les nombreuses accusations de fraudes. Les opinions négatives à son égard ont grimpé de 46,1 à 65,7 %, selon un sondage Venebarometro réalisé entre octobre et novembre, pendant que la popularité du président Maduro remontait de 24,4 à 31,1 %.

La MUD se rend compte aussi qu’aucune stratégie – confrontation dans la rue ou négociation – ne semble ébranler le chavisme, qui garde la mainmise sur la quasi-totalité des institutions. Emblème de cette hégémonie : l’Assemblée constituante, aux pouvoirs très étendus, a confisqué ceux du Parlement, unique instance contrôlée par l’opposition. Les maires élus dimanche devront d’ailleurs, pour pouvoir exercer leur mandat, prêter allégeance devant cette institution rejetée par une grande partie de la communauté internationale.