Lors de la COP21 (Conférence internationale sur le climat), au Bourget, près de Paris, en décembre 2015. / MIGUEL MEDINA / AFP

« Verdir la finance. » Le « Climate Finance Day », qui se tient à Paris ce 11 décembre, à la veille du « One Planet Summit », entend faire la promotion des différentes facettes de la finance verte, aux premiers rangs desquelles les « green bonds ». De quoi s’agit-il ? D’une émission obligataire, lancée par une collectivité locale, une entreprise… afin de financer un projet ou une activité contribuant à la transition énergétique.

Ces obligations vertes permettent à leurs émetteurs de « verdir » leur image, en démontrant leur engagement écologique, tout en diversifiant leurs sources de financement. De leur côté, les investisseurs-souscripteurs bénéficient des mêmes avantages et revenus qu’avec une obligation classique, tout en pouvant mettre en exergue leur stratégie d’investisseur responsable.

Mais si le concept de « green bonds » peut potentiellement séduire les marchés, il n’en reste pas moins un domaine où tout reste à faire, ou presque.

  • Un cadre réglementaire encore flou

Comment définir précisément une obligation verte ? La question, simple en apparence, est capitale, tant ce type de produit financier a encore du mal à être standardisé.

Les « Green Bonds Principles », édictés par l’International Capital Market Association (ICMA), constituent un premier apport au corpus réglementaire attaché ce type d’obligations. Mais il ne s’agit que de lignes directrices.

La « Climate Bonds Initiative » va un peu plus loin et propose quant à elle une batterie de critères précis permettant d’attribuer le label « green bonds » à certains produits financiers. Selon cette organisation, les obligations estampillées « green bonds » représentent 221 milliards de dollars (188 milliards d’euros) au niveau mondial, en septembre 2017. Les obligations « alignées sur le climat », mais non labellisées (produits non étudiés ou label refusé) représentent 674 milliards de dollars supplémentaires (572 milliards d’euros) d’encours.

Si ces chiffres font de plus en plus office de référence lorsqu’il est question de « green bonds », les ONG environnementales regrettent qu’ils n’émanent pas des puissances publiques. Celles-ci n’ont en effet toujours pas arrêté leurs propres critères de définition, pas plus qu’elles n’ont esquissé de cadre réglementaire contraignant en la matière, laissant la porte ouverte à d’éventuelles opérations de « greenwashing » (ou « écoblanchiment »).

  • Un marché embryonnaire

Né il y a une dizaine d’années, le concept de « green bonds » commence à trouver sa place dans les lexiques financiers et les discours politiques. Neuf des principaux émetteurs industriels d’obligations vertes (EDF, Enel, ENGIE, Iberdrola, Icade, Paprec, SNCF Réseau, SSE and TenneT), qui ont à ce jour émis 26 milliards d’euros d’obligations vertes, se sont d’ailleurs engagés, lundi 11 décembre, à poursuivre le développement de ce marché.

Pour autant, les presque 900 milliards de dollars d’encours d’obligations vertes (labellisées ou non) ne sont qu’une goutte d’eau au milieu des 226 000 milliards de dollars de dettes recensées dans le monde par l’Institute of International Finance (IIF). L’encours des « green bonds » est également très limité comparé au marché plus restreint des obligations, évalué à 100 000 milliards de dollars.

  • Des besoins trop grands

En décembre 2015, la COP 21 accouchait d’un texte dans lequel les pays signataires s’engageaient à agir pour contenir la hausse des températures à + 2 °C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels.

Atteindre cet objectif nécessitera d’importants investissements dans la rénovation de bâtiments, les transports, la production d’énergie… et donc de besoin de financement, dont feront partie les « green bonds ».