La capitale-risqueuse et fondatrice du fonds Daphni, Marie Ekeland, à New York, en juin 2015. / KENA BETANCUR / AFP

Il aura fallu sept mois au gouvernement pour faire renaître le Conseil national du numérique, qui se dote, ce lundi 11 décembre, d’un nouveau collège de représentants. A la tête de cette institution se trouve Marie Ekeland, capital-risqueuse et fondatrice du fonds Daphni. Déjà membre du collège, la nouvelle présidente s’est notamment distinguée en investissant dans l’agence de publicité en ligne Criteo, aujourd’hui cotée à la Bourse de New York.

« La France est reconnue mondialement pour ses talents créatifs, scientifiques ou entrepreneuriaux. Peut-elle également imaginer et proposer sa vision de l’avenir technologique, c’est-à-dire sa propre vision du progrès ? », lance l’investisseuse dans sa feuille de route transmise au Monde.

A l’instar de la précédente mouture, le nouveau conseil compte trente membres – des représentants des entreprises, de la société civile et des universitaires. Marie Ekeland assure avoir choisi son équipe. L’ancien président du conseil, Benoît Thieulin, fondateur de l’agence Web La Netscouade ; Rand Hindi, qui a créé Snips, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle ; Françoise Mercadal-Delasalles, directrice générale déléguée du Crédit du Nord (groupe Société Générale), et Godefroy Beauvallet, qui était directeur de cabinet du gouvernement précédent, rempilent.

L’entrepreneur Eric Carreel, fondateur de Withings (revendu au finlandais Nokia en 2016) et de Sculpteo, ainsi qu’Aymeril Hoang, ancien conseiller du cabinet de Fleur Pellerin quand elle était ministre déléguée chargée de l’économie du numérique, et aujourd’hui responsable de l’innovation à la Société Générale, font leur entrée dans l’institution.

« Profiter de la diversité de la France »

Au sein de la société civile, Marie Ekeland a choisi le rappeur Axiom, l’essayiste et militante anti-raciste Rokhaya Diallo, et la journaliste Flore Vasseur, auteure notamment de Meeting Snowden, un documentaire sur le lanceur d’alerte américain. « Ma conviction a été dès le départ qu’il fallait profiter de [la ] diversité [de la France] pour écouter des voix que nous n’avions pas l’habitude d’entendre sur les sujets numériques », explique la nouvelle présidente.

Impact de l’intelligence artificielle et de la robotisation sur l’emploi, souveraineté numérique, droit des données et des plates-formes, éducation, écologie, numérisation des services publics : tels sont quelques-uns des thèmes que Marie Ekeland souhaite aborder lors de son mandat.

Reste à savoir quelles seront les relations entre le gouvernement et le Conseil national du numérique. La structure s’est toujours trouvée dans une situation délicate, si ce n’est antinomique. Sans bénéficier du statut d’autorité indépendante, elle est censée être « proche du gouvernement pour l’orienter », selon Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au numérique, mais aussi formuler des positions « indépendantes » (et, partant, critiquer éventuellement l’exécutif). Ses présidents successifs ont souvent navigué entre ces deux rôles pas faciles à concilier.

Mounir Mahjoubi, qui fut lui-même président du Conseil avant d’en démissionner en début d’année pour rejoindre l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, tient à montrer patte blanche. « Le décret souligne le caractère indépendant des décisions et reconfirme la capacité à s’autosaisir », confie-t-il au Monde.