Jean-Dominique Sénard, en mai 2016. / THIERRY ZOCCOLAN / AFP

Jean-Dominique Sénard ne sera pas candidat à la présidence du Mouvement des entreprises de France (Medef). Réuni lundi 11 décembre, le conseil exécutif de l’organisation patronale — sa direction élargie — a refusé d’ouvrir les candidatures comme le lui proposait son président, Pierre Gattaz. Une information dévoilée par L’Opinion et confirmée peu après par un communiqué du Medef.

Même si beaucoup auraient souhaité voir le président du groupe Michelin prendre la tête de l’institution de l’avenue Bosquet, ce dernier était empêché par les statuts du Medef, qui imposent de ne pas avoir « plus de 65 ans au jour de l’élection ». Or, M. Sénard atteindra cet âge le 7 mars 2018, soit quatre mois avant la date prévue, en juillet. Le 5 décembre, M. Gattaz avait envoyé un courrier à la quarantaine de membres de son conseil exécutif pour leur proposer soit de modifier le règlement, soit de le préciser pour repousser ou supprimer la limite d’âge pour pouvoir se présenter.

« Aucune modification des statuts »

Dans son bref communiqué, envoyé en fin d’après-midi, le Medef écrit que « ce débat s’est conclu par un vote à bulletin secret » et que « le conseil exécutif a décidé de ne procéder à aucune modification ou interprétation de ses statuts ». Il fixe en revanche le calendrier pour l’élection : les candidatures seront à déposer avant le 3 mai et l’élection se déroulera le 3 juillet. « L’ambiance était plutôt paisible et respectueuse des uns et des autres, assure un pilier du Medef. Maintenant, on va compter les prétendants. »

« J’avais déclaré, il y a quelques semaines, que j’avais envisagé d’être candidat à la Présidence du Medef tant les enjeux me paraissaient essentiels, pour les entreprises pour l’organisation patronale elle-même, et pour la modernisation de notre pays, indique M. Sénard dans un communiqué, J’avais déclaré que les statuts ne me permettaient pas d’être candidat mais que j’étais hostile à une modification (ou à une interprétation) de dernière minute.Je pensais qu’il pouvait y avoir d’autres solutions. Comme je le pensais, une majorité du Conseil Exécutif a refusé cette modification (interprétation) des statuts. Je prends acte de cette décision. Je confirme donc que je ne serai pas candidat »

Dans l’entourage de M. Sénard, on explique que même si de telles « autres solutions » avaient été possibles, il n’est pas certain que M. Sénard y serait allé : « Il aurait fallu un vote massif pour l’inciter à se présenter », admet un proche, pour qui :

« Il faut un Medef fort et actif dans un contexte de réformes qui touchent aux rôles des partenaires sociaux. C’est quand même ahurissant que ce soit une équipe sur le départ qui travaille sur les réformes en cours comme l’assurance chômage ou la formation… Tout cela va modifier le paysage pour plusieurs années. »

L’entourage du président de l’équipementier regrette enfin que toute cette histoire n’ait pas été clarifiée dès la fin de l’été : « On n’offre pas une tribune aussi importante à quelqu’un, comme il a été fait pour lui aux universités d’été, sans ensuite réfléchir aux modalités d’une possible candidature immédiatement dans la foulée. »

Pour l’heure, deux personnalités ont officialisé leurs candidatures : Patrick Martin, président du Medef Auvergne–Rhône-Alpes, et son homologue des Hauts-de-France, Frédéric Motte, également vice-président délégué de l’organisation au niveau national. L’autre vice-président délégué, Geoffroy Roux de Bézieux, n’a pas non plus caché ses ambitions, tout comme Alexandre Saubot, le patron de la puissante fédération de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie.