Thiago Silva, le 22 novembre à Paris. / Christophe Ena / AP

Chronique. Comment faire rire Dieu ? Parle-lui de tes plans. Pour fameuse qu’elle soit, cette vieille blague tirée d’un proverbe yiddish doit faire moyennement rigoler le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, qui commence à se lasser de la belle ironie du sport, tirage au sort compris.

Finir premier de son groupe pour hériter du Real Madrid dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions a pourtant de quoi faire sourire jaune, en témoignent les têtes de citron confit du directeur sportif parisien Antero Henrique et de son coordinateur Maxwell au moment de la cérémonie au siège de l’UEFA, lundi en Suisse. D’autant que pendant ce temps-là, les faux frères du Bayern Munich, deuxièmes de la même poule, se léchaient les babines en découvrant le nom de leur prochain adversaire, ceci sans faire injure au Besiktas Istanbul.

« Mais bordel un peu d’optimisme c’est possible ? »

« Pourquoi on a la poisse comme ça ? ! Mais bordel un peu d’optimisme c’est possible ? », a lâché Thomas Meunier, le défenseur belge du PSG, sur son compte Twitter. Un réseau social dont il est féru, et où il peaufinait son analyse : « On n’est pas en 128e de finale de Coupe de France, faudra quand même passer par là si on veut aller au bout. » Plus diplomatique, mais un peu amer quand même, mais esthète un jour esthète toujours, Maxwell ne veut retenir de ce coup de Trafalgar que la promesse d’assister à un déluge de beauté : « C’est un beau tirage, avec de beaux matches à jouer. C’est un beau défi pour le PSG, on est prêts. »

Lui que le sublime n’effraie pas, Cristiano Ronaldo appréciera, même si côté madrilène, on fait pour l’instant un peu la grimace. « Cela aurait pu être [une finale] au vu du potentiel des deux équipes. C’est la loi des tirages, la chance y joue un rôle et l’une des deux équipes va être éliminée dès les huitièmes. Nous considérons que c’est un peu tôt parce que nous sommes les deux des candidats à la victoire finale », a ainsi baragouiné Emilio Butragueno, directeur des relations institutionnelles du Real. 2-2-2, voilà l’historique fort équilibré entre les deux clubs dans la compétition, avec 2 victoires, 2 nuls, 2 défaites chacun, balle au centre. 222 v’là les Espagnols, car c’est aussi, comme un clin d’œil, le prix d’achat en millions d’euros du Neymar Jr arraché au FC Barcelone cet été.

« Je suis sûr que l’équipe va arriver très forte [en huitièmes de finale], c’est pour ça que l’équipe que nous affronterons, ce ne sera pas différent. Je veux n’importe quelle équipe », avait balancé Unai Emery avant ce tirage au sort. L’entraîneur parisien n’a pas été entendu : ce ne sera pas n’importe quelle équipe, mais le double tenant du titre, douze fois vainqueur de l’épreuve, emmené par le tout récent quintuple Ballon d’or.

Unai Emery à quitte ou double

Pour le Basque, ce retour au pays aura aussi des allures de quitte ou double. Moins d’un an après l’humiliation de la « remontada » subie à Barcelone en quarts de finale (4-0, 1-6), Emery jouera sans doute au printemps son avenir à la tête d’un PSG qui a prouvé, en faisant sa traditionnelle crise de novembre en décembre avec ses deux défaites contre Strasbourg en L1 et le Bayern en LDC, qu’il n’avait pas tout perdu de ses traditions. A moins qu’au vu de ce tirage titanesque, les dirigeants du PSG préfèrent prévenir plutôt que guérir, se dire que c’est quitte de toute façon, et ne décide de remplacer dès l’hiver le technicien espagnol, dont le crédit fond comme neige au soleil, notamment depuis qu’il côtoie des astres comme Neymar Jr ou Kylian Mbappé.

Un Mbappé qui faisait soudainement son âge – il soufflera ses 19 bougies le 20 décembre – ce week-end lors d’une excursion en famille au pays de Mickey, immortalisée par un cliché magique qui permet d’admirer les divers degrés d’amusement des Parisiens quasiment au complet, c’est à dire sans Neymar, au Brésil pour raisons familiales, ni Hatem Ben Arfa, auquel le club avait probablement donné rendez-vous devant le parc Astérix.

Les devins du football voient déjà dans la bouille contrite de Nasser Al-Khelaïfi et dans l’absence d’Unai Emery à l’image quelque mauvais augure pour le coach. On préfère se dire que c’est lui qui prenait la photo, et que pendant ce temps-là, il repensait à sa première rencontre avec le président parisien, qui lui avait avoué, les yeux dans les yeux dans les étoiles : « Tu as le gène de la gagne. » Unai et Nasser auront l’occasion d’en débattre avec un autre illuminé, dès le 14 février, lors d’une Saint-Valentin spéciale Cristiano.