S’il était difficile pour les créateurs de logiciels et d’applis de s’inspirer de Shazam à son lancement, en 1999, les progrès de l’intelligence artificielle dans le domaine de la reconnaissance d’images, grâce au deep learning, une méthode d’apprentissage des machines, ont changé la donne depuis une dizaine d’années.

Aujourd’hui, la plate-forme de reconnaissance de chansons, dont le rachat par Apple a été annoncé lundi 11 décembre, affirme que son application a été téléchargée un milliard de fois. Et comme « ubériser » ou « googliser », « shazamer » est désormais un véritable concept. Bon nombre d’éditeurs proposent désormais de retrouver des informations dans différents domaines en prenant simplement une photo, ou en enregistrant du son avec son smartphone. Voici cinq domaines qui, en dehors de la musique, ont aujourd’hui leur propre Shazam.

  • Scanner de l’art

Les résultats de nos recherches sur Magnus, à gauche, et Smartify, à droite. / Captures écran

Vous avez le nom de ce peintre de la Renaissance sur la bout de la langue ? Vous aimeriez tout connaître de la vie de cette nature morte ? Smartify, qui a été lancée à la rentrée, permet de percer le mystère des œuvres de trente musées et galeries dans le monde en les scannant avec l’appareil photo de son smartphone.

Créée il y a un an et demi par un entrepreneur allemand, l’appli Magnus, elle, va un peu plus loin, en dévoilant également la cote des œuvres d’art récentes répertoriées parmi ses 10 millions de données – une fonctionnalité précieuse dans le marché de l’art contemporain.

Mises en pratique, les deux applications mettent seulement quelques secondes à identifier un autoportrait de Van Gogh, a pu constater Pixels. En revanche, Magnus supplante Smartify quant il s’agit de détecter les œuvres du street artiste Obey. A noter également que Smartify requiert obligatoirement d’activer la géolocalisation de son téléphone.

  • Retrouver l’ingrédient

Vivino permet de retrouver le cru que l’on vous offre à table. Il fonctionne aussi avec les bouteilles de soda. / Capture écran

Forte de milliards de photos d’aliments et deCboissons épinglés par les internautes sur sa plate-forme, Pinterest propose désormais « Lens », une fonctionnalité de reconnaissance d’aliments et de plats dans son appli. Celle-ci n’est fonctionnelle qu’à condition que les denrées soient déjà répertoriées dans Pinterest.

Par ailleurs, plusieurs Shazam du vin, comme Vivino ou Twil, permettent aux utilisateurs de retrouver la valeur d’un cru et des informations supplémentaires en scannant l’étiquette. Nous l’avons testée avec succès. Surprise : elle reconnaît aussi les sodas…

  • Les applis pour promeneurs curieux

PlantNet reconnaît (à peu près) les plantes qu’on lui montre. Mais aussi celles en plastique… / Capture d'écran

L’appli Shazam a largement inspiré les amoureux de la faune et de la flore. PlantNet identifie fleurs, arbres, arbustes et plantes en s’appuyant sur une base de données collaborative de botanistes, Tela-botanica. Testée par Pixels, son succès est aléatoire : elle reconnaît certaines plantes, mais se trompe sur d’autres.

iNaturalist reprend le même principe de l’identification par photographie mais étend ses savoirs aux animaux.

Warbl ou Twigle Birds proposent, quant à eux, de « shazamer » des chants d’oiseaux.

  • Flasher les défilés

Sur Screenshop, il ne faut pas s’attendre à un résultat exact. / Capture écran

Plusieurs applis se veulent des Shazam de la mode, en permettant à leurs utilisateurs de reconnaître un vêtement apparaissant dans les pages d’un magazine ou sur une affiche, et en leur fournissant un lien pour l’acheter. Cet automne, la célébrité Kim Kardashian a par exemple lancé Screenshop, un Shazam vestimentaire à l’efficacité aléatoire. Testée par nos soins, Screenshop a (à peu près) réussi à identifier la robe rouge de sa créatrice, mais pas le manteau porté par le comédien Channing Tatum.

The Take, elle, exploite les placements de produits dans les blockbusters américains et vous invite à acheter le costume de Leonardo Di Caprio dans Gatsby le magnifique ou la montre de Daniel Craig dans le dernier James Bond. Pour cela, pas besoin de son appareil photo, mais du micro de son téléphone : il analyse la bande-son du film pour et affiche les produits liés.

Au-delà de la simple curiosité, ces Shazam de la mode, dont l’efficacité est plus ou moins avérée, sont une fenêtre de vente possible pour les sites d’e-commerce.

  • « Shazamer » les gens

Très controversée en raison de son aspect intrusif de la vie privée, l’appli russe FindFace permet, grâce à son système de reconnaissance faciale et à partir d’une seule photo, de retrouver le profil d’une personne sur VKontakte, l’équivalent de Facebook en Russie. Certains internautes n’ont pas tardé, quelques mois après sa sortie, à se servir de cette application pour dévoiler les identités d’actrices de films pornographiques et de prostituées. Un équivalent de FindFace qui explorerait les profils Facebook n’existe pas encore.