Documentaire sur Canal+ à 23 h 10

La sociologue et l'ourson - bande annonce
Durée : 02:04

La sociologue Irène Théry faisait partie des ardents partisans du mariage pour tous. Son travail sur la famille a nourri la réflexion autour de la loi qui l’a institutionnalisé, en 2013. Son fils, Mathias Théry, et son complice, Etienne Chaillou, qui réalise avec lui des films mêlant documentaire et animation, l’ont suivie pendant les neuf mois précédant le vote de la loi, défendant ses idées des salons de l’Elysée aux plateaux de télévision, assistant aux débats à l’Assemblée, battant le pavé dans les manifestations, prenant du temps pour elle aussi, à la maison, avec ou sans son mari…

Cette base, qu’ils ont enrichie de longues conversations téléphoniques entre la mère et le fils et d’archives télévisuelles, leur a inspiré un projet ambitieux et passionnant : chroniquer, sous la forme d’un film de famille qui soit en même temps un film sur l’histoire de la famille, ce moment ­historique qui a déchiré la France.

Pouvoirs magiques de l’enfance

Filmée, la campagne d’Irène Théry constitue une sorte de fil rouge sur lequel viennent se greffer des séquences d’animation incarnées par des peluches et autres jouets d’enfants, dont sortent les voix d’Irène Théry, de son fils, de Christiane Taubira, de François Hollan­de, de Claire Chazal, de ­Frigide Barjot… Ce dispositif singulier recrée une forme de cité idéale où les citoyens se retrouvent à égalité, quels que soient leur profession ou leur statut social. Et d’inscrire le présent dans une continuité en reconstituant, selon un protocole unique, des scènes issues du journal télévisé et des épisodes relatés oralement par la sociologue.

Irène Théry et sa peluche. / QUARK PRODUCTIONS

En mêlant roman familial et roman national, Mathias Théry vulgarise les idées de sa mère tout en esquissant, en filigrane, un portrait délicat de cette militante, qui fut aussi une femme de famille. Assumant sa position de fils, le coréalisateur retrouve, avec ses peluches, une partie des pouvoirs magiques de l’enfance. Grâce à elles, les personnages se trouvent soustraits aux contingences de l’actualité. Ils deviennent des archétypes et donnent au film – c’est sa grande réussite – la portée d’un conte moral universel.

La Sociologue et l’Ourson, d’Etienne Chaillou et Mathias Théry (Fr., 2016, 80 min).