La Russie a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une exemption à l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique, afin d’équiper deux unités de l’armée de ce pays en cours de formation, a-t-on appris, mardi 12 décembre, de sources diplomatiques.

Cette demande apparaît cohérente avec la volonté de l’ONU de voir se renforcer une armée encore faible, dépourvue de formation et d’équipements. Elle a toutefois suscité des inquiétudes de la France sur les conditions de stockage des armes et munitions fournies, selon l’une de ces sources.

La décision d’accepter la demande de la Russie a été mise sous « procédure de silence » jusqu’à mercredi à 20 heures, selon des diplomates. Elle sera considérée comme adoptée par le Conseil de sécurité si aucun membre ne vient rompre le silence.

Une première livraison pourrait alors intervenir dès lundi, avec deux autres prévues les 1er février et 1er avril, selon Moscou. Deux bataillons totalisant 1 300 hommes seraient équipés, avec notamment 900 pistolets Makarov, 5 200 fusils d’assaut AKM, 140 armes de précision, 840 kalachnikovs, 270 lance-roquettes RPG et 20 armes anti-aériennes. Les livraisons comprendraient également des munitions.

La Russie a aussi proposé d’entraîner l’armée centrafricaine à l’utilisation de ces armes, un projet qui doit encore recevoir un feu vert de l’ONU.

La Minusca renforcée de 900 soldats

Selon une source diplomatique, la France a récemment rompu une première procédure de silence pour demander des précisions à la Russie. Pour Paris, s’il est bien prévu que l’embargo sur l’acquisition d’armes, instauré en 2013, puisse faire l’objet d’exemptions, il faut que ce processus soit étroitement encadré et contrôlé.

A la mi-novembre, le Conseil de sécurité a prolongé d’un an sa force de paix en Centrafrique, la Minusca, en la renforçant de 900 militaires. A terme, cette mission doit être remplacée par les Forces armées centrafricaines (FACA). Fin octobre, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, avait promis que les premières forces formées par l’Union européenne seraient déployées d’ici à trois mois malgré l’embargo.

La Centrafrique est minée par les conflits depuis le renversement en 2013 du président François Bozizé par une coalition pro-musulmane, l’ex-Séléka, qui a entraîné une contre-offensive de milices pro-chrétiennes autoproclamées d’« autodéfense », les anti-balaka.

En raison des violences, plus de 600 000 personnes ont été déplacées en Centrafrique et 500 000 sont réfugiées dans des pays voisins. Environ 2,4 millions de Centrafricains, soit la moitié de la population, sont dépendants d’une aide internationale.